Stagiaires : " débrouillez-vous et fermez-la ! "
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Bien que les syndicats, les associations de parents d’élèves et même un syndicat d’inspecteurs aient condamné la réforme du démantèlement de la formation des enseignants voulue par Châtel, le chantre du Sarkozisme est passé en force.
Sous le faux prétexte de revalorisation des carrières et de l’amélioration qualitative du recrutement (à BAC +5) c’est bien la logique du fric qui a encore frappé et c’est tout simplement une année de formation rémunérée qui vient de disparaître. Dès lors, la situation actuelle ressemble fort à ce que nous connaissions avant avec les listes complémentaires. Ces collègues recrutés et envoyés une année "sur le terrain" avant de revenir faire leur formation à l’IUFM. Tout comme les listes complémentaires, les lauréats du concours 2010 sont en situation de vulnérabilité vis-à-vis d’une hiérarchie qui pourra agiter la menace de la non-titularisation à ceux qui voudront l’ouvrir pour dénoncer leurs conditions de « formation ». Et tout comme les listes complémentaires les lauréats de concours ont été envoyés sur les postes vacants, c’est à dire en réalité, sur les postes dont personne n’a voulu, parce que difficiles. Dès lors, nous ne sommes pas étonnés que le rectorat nous informe que 50% des stagiaires sont affectés sur les fleuves.
Le ministère a eu la gentillesse de laisser aux académies le soin de gérer leur cuisine pour les affecter. Le résultat en Guyane est franchement catastrophique pour les 158 stagiaires. Certains ont eu droit à une rentrée cocasse, en se faisant balader de poste en poste avant d’obtenir une affectation définitive.
A Apaguy, la quasi totalité de l’équipe est constituée de stagiaires. La direction de l’école a même été proposée à l’un d’entre eux. Pas de problème non plus pour les affecter sur des postes ASH ou sur des classes de CP. Dès lors, on comprend que l’inspecteur d’académie soit heureux de nous annoncer que 72% d’entre eux partent avec au moins une année d’expérience dans l’éducation. Du coup seulement 22% d’entre eux ont pu être en observation dans une classe à la rentrée (dommage pour les sites isolés où il n’y a plus Internet, il sera impossible de se former avec Jean-Michel Blanquer sur le site « tenue de classe »… ).
Encore une fois, Châtel a menti quand le 1er septembre, il se défendait en disant que l’on n’allait pas « lâcher » les stagiaires sans aucune formation à la rentrée. Sur le terrain, à 7000 Km de la rue de Grenelle, il y a de quoi s’inquiéter pour les collègues qui ont bel et bien été lâchés.
SUD éducation a contesté dès 2008 la réforme de la formation des maîtres dite « mastérisation ». Nous sommes pour le retour à un recrutement à la licence et l’attribution d’un Master pour tous les professeurs à l’issue de la formation initiale professionnelle. Dans plusieurs académies des collectifs de stagiaires se structurent (plus d’infos sur le site http://blog.stagiaireimpossible.org/).
SUD éducation Guyane soutiendra tous les stagiaires qui voudront se mobiliser.
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