La porte ouverte vers les idées de notre futur
par

Le forum Social Mondial de Belém, qui s’est tenu en janvier de cette année, a été un grand moment de convergence des luttes du monde entier, de dialogue et de formulation des perspectives politiques de l’alter-mondialisme. C’était également un forum populaire, très amazonien dans sa fréquentation et ses préoccupations (présence de nombreuses communautés indigènes de l’Amazonie) et …féminin !
Si la richesse un peu chaotique du forum (des centaines de débats chaque jours, deux énormes sites, des lieux de vie, etc..) rend difficile une analyse linéaire, il est cependant possible de dégager de grandes lignes de forces des débats et des idéologies.
On peut identifier la crise mondiale comme fondamentalement étendue sur trois plans, considérés comme d’égale importance. La crise est économique, écologique et alimentaire. Les réflexions portent donc sur la création d’un modèle alternatif qui répondrait à ces trois dimensions.
De ce fait, les projets politiques du Forum ont intégré un certain nombre de notions clés qui redéfinissent le paysage de l’alter-mondialisme et notamment celui des positions écologiques radicales. Il y a eu beaucoup de questions autour de la notion de la décroissance et de la « vie-bonne » (ce deuxième terme comprenant un ensemble de références à notre dépendance directe à notre environnement, non plus d’un point de vue économique et anti-productiviste, mais comme une relation du vivant au vivant).
On peut noter qu’il a surgi un questionnement du Forum sur lui-même, sur le fonctionnement démocratique qu’il est supposé reproduire, sur sa légitimité dans le paysage des mouvements contestataires, révolutionnaires et alternatifs de ce début de siècle. De nombreuses personnalités publiques et de nombreux participants souhaitent visiblement une plus grande ouverture du Comité d’Organisation (composé des 6 organisations fondatrices, parmi lesquelles, par exemple, le Mouvement des Sans Terre). Le Forum n’a plus à prouver l’importance de son existence : il doit à présent gérer de la façon la plus démocratique possible le pouvoir qu’il représente.
Ainsi, participer au Forum social Mondial constitue une expérience éminemment enrichissante, et ce surtout parce qu’elle nous fait traverser les luttes et les réflexions de ceux et celles qui, comme nous, luttent de par le monde. Elle nous rappelle aussi la réalité de notre positionnement géographique qui nous fait être un confetti européen, pourtant en terre américaine, si loin des luttes sociales de ses voisins et pourtant si concerné.
Commentaires