SITUATION DE L’ENSEIGNEMENT EN GUYANE
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Mme Chantal Berthelot – Je salue les enfants qui assistent à nos débats ; ma question les concerne, au-delà de la Guyane.
La prochaine rentrée scolaire sera marquée en Guyane, comme partout en France, par la suppression de postes et l’augmentation des heures supplémentaires. Une trentaine de postes manqueront dans les premier et second degrés. Cela ne manquera pas d’avoir pour conséquence la suppression de classes et d’options, l’aggravation des sureffectifs, une détérioration du rapport du nombre d’heures sur le nombre d’élèves, ou encore l’impossibilité d’un suivi individualisé et d’un enseignement de qualité.
Ces perspectives inquiètent d’autant plus les enseignants et parents d’élèves que la situation scolaire est déjà particulièrement difficile en Guyane. De nombreux enfants ne sont pas francophones. La forte croissance démographique entraîne la scolarisation de 1 800 élèves supplémentaires par an, ce qui supposerait une création annuelle de 100 postes. Deux tiers des élèves sont issus de milieux défavorisés : dans le bassin de l’Ouest, ce sont même 80 % des enfants ; dans celui des fleuves, 98 % ! Près de 20 % des élèves entrent avec deux ans de retard en sixième. La population non diplômée est deux fois et demie plus élevée que dans la métropole. L’accès au baccalauréat est d’un tiers inférieur à la moyenne nationale. Ces chiffres sont d’autant plus inacceptables que les collectivités locales réalisent un effort important de construction d’établissements.
Demain, enseignants, parents d’élèves et lycéens se mobiliseront pour revendiquer leur droit à une école qui garantisse l’égalité des chances et à un enseignement de qualité pour tous. Ils demandent un nombre de postes en adéquation avec les besoins, la formation des enseignants contractuels, la stabilisation des effectifs par classe, l’augmentation des options au baccalauréat, la rénovation des filières. Ils refusent la logique des heures supplémentaires. Je demande donc des réponses concrètes à ces demandes légitimes ainsi qu’au besoin de financement de l’enseignement en Guyane.
Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d’État chargée du commerce extérieur – M. Darcos, absent, m’a priée de vous répondre en son nom. Depuis la création de l’académie de Guyane en 1996, le ministère de l’éducation nationale engage les moyens nécessaires à la mission éducative dans ce territoire. En 2008, l’académie se voit dotée de vingt postes supplémentaires dans le premier degré ; en outre, aucune suppression de postes n’est prévue dans le second degré et la dotation en heures supplémentaires augmente. Par ailleurs, le ministère s’attache à trouver, en partenariat avec le secrétariat d’État à l’outre-mer, des solutions pour financer les investissements qui relèvent normalement des collectivités locales.
Le soutien aux élèves le plus en difficulté est un objectif essentiel de M. Darcos : 800 élèves guyanais du primaire bénéficient, pendant les actuels congés de la Pentecôte, de stages de remise à niveau, trois heures par jour durant cinq jours, par groupes de six, pour préparer leur entrée en sixième.
L’accompagnement éducatif dans les douze collèges du réseau « ambition réussite » a été étendu à 17 autres établissements, dont deux hors zone d’éducation prioritaire. Ainsi, près de 80 % des établissements de l’académie proposent à présent ce dispositif.
Enfin, le rectorat anime de nombreux projets pédagogiques innovants et adaptés aux caractéristiques de l’académie, comme un partenariat avec le CNES, intitulé « Les Pirogues du fleuve », ou encore des visites sur la base de Kourou.
Mme Chantal Berthelot – À situation particulière, réponse particulière. L’état des lieux que j’ai dressé atteste que l’effort est encore insuffisant, dans un territoire où 50 % de la population a moins de 25 ans et 35 % moins de quinze ans. Vingt postes supplémentaires, ce n’est pas assez !
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