Le mal de la protection de l’enfance
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Nous souhaitions faire un point sur les structures sociales et de santé à Saint Laurent du Maroni, sachant que sur le fleuve, dans les communes d’Apatou et de Mana, il faut parler simplement d’une absence de structures. Il apparaît scandaleux que dans le pays dit « des droits de l’homme », les enfants de l’ouest voire de la Guyane n’ont pour certains aucune protection vis à vis de leurs conditions de vie.
Un élève qui se fait battre, qui n’a pas à manger tous les jours, dont les parents ne sont jamais là, donné à une autre famille ne fait pas partie des cas traités par la cellule d’information préoccupante parce qu’ils sont totalement débordés. Il faut être violé, battu « régulièrement et si possible avec des traces de coups », ou abandonné pour être pris en compte et encore, les mesures de prise en charge ou d’aide éducative peuvent mettre quelques mois à être mises en place. Faut-il mettre en cause nos collègues éducateurs et assistants sociaux ? A notre sens non, la faute revient à l’administration et à la gestion hospitalière et des associations qui ne voit que par l’économie de moyens et non par l’intérêt des enfants et de leurs familles. Y aurait-il un manque de subventions ? La rentabilité et la productivité semble les maîtres mots, pas la protection de l’enfance.
Dans les cas de délinquance, il n’est pas rare de constater que malgré des signalements, la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse) n’est pas saisie et pourtant... Combien de nos élèves de collège sont déjà dans des réseaux de cambriolage ? Petits, ils passent partout. Influençables ils se laissent entraîner pour quelques euros, argent qui leur sert à manger principalement.
On pourrait bien évidemment, un des défauts de notre institution d’ailleurs, se demander où sont les parents de nos chérubins. S’il y a bien des carences éducatives, il y a souvent un manque d’accompagnement de ces familles, elles aussi dans le besoin. Et le constat est que souvent les familles de nos élèves les plus difficiles ne sont pas inquiétées par la justice, ne payent pas pour les méfaits de leurs enfants et restent donc éloignées de leurs responsabilités. La faute à qui ?
Et ne parlons pas de la prostitution et de la pédophilie. Encore récemment, des témoignages d’élèves nous ont rappelé à la dure réalité de leur vie.
Il nous faut prendre en compte cette violence quotidienne subie par nos élèves, non négligeable au niveau quantitatif. Malgré les signalements, nous ne voyons pas les résultats des propositions faites. Les services sociaux sont dépassés, et les solutions de placement tellement limitées n’améliorent pas voire aggravent la situation.
Comment peut on penser que nous protégeons ces enfants ? Comment rentrer chez soi le soir sans se poser la question de ce que vivent nos élèves ?
Alors, nous, enseignants, CPE, assistants sociaux, et infirmiers de l’éducation nationale, que pouvons-nous dire à nos élèves ? « Tais-toi et apprends », plutôt que « nous pouvons t’aider ». Concrètement nous ne pouvons rien leur promettre, même si leurs histoires de vie sont plus riches en malheur que la plupart des nôtres ne le seront jamais. Car si nous leur promettons et qu’il ne se passe rien, il n’y aura plus de confiance.
Nous sommes donc à un problème éthique mais qui peut se résoudre. Il s’agit surtout que nous nous sentions responsables de ce que nous rapportent les élèves ou des difficultés qu’ils font percevoir dans nos établissements. Car qui ne dit mot consent... Alors n’hésitons pas à le dire à tous nos collègues, si un élève vous semble en grande difficulté, est violent, fatigué, maigre etc... Signalez le dans le RSST en parallèle du signalement aux services sociaux et de santé. Ce serait trop facile pour nos politiciens que nous ne faisions rien remonter, cela justifie les économies de budget, et la casse du service public.
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