Les Professeurs des Écoles et les instits ne seront pas les dindons de la farce
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« Je veux que nous repensions l’année, la semaine, la journée. Il faut qu’il y ait de vraies évolutions, et pas seulement des petits aménagements à la marge, si l’on veut rendre service aux élèves. Mon rôle, c’est donc de pousser et qu’on aille le plus loin possible. » V. Peillon, septembre 2012.
Où sont passées les propositions du fringant Peillon ? Où est passé le changement ? Où est la refonte des rythmes scolaires annoncée à grand fracas ? Où est l’intérêt de l’enfant ? Et celui des enseignants ?
L’étalement du temps et l’allongement de l’année scolaire, par la diminution des grandes vacances a fait long feu : le lobby de « l’industrie du tourisme », a brandi la menace économique et le chômage en cas de modification de la durée des vacances d’été. Nous ne sortirons pas du cadre des 36 semaines. Les rythmes scolaires ont été sacrifiés sur l’autel de la rentabilité touristique !
Ensuite les parents d’élèves ont imposé que la journée de classe ne puisse se terminer avant 16H30. Et pour finir, l’Association des Maires de France a pesé de tout son poids pour que les mairies n’y laissent pas trop de plumes (service de garderie et toutes les activités périscolaires).
Au milieu il y a les enseignants et depuis le début on ne peut pas dire qu’ils ont été très écoutés. Pourtant ce sont bien eux qui vont devoir bosser une demi journée de plus. Ce mercredi occasionnera la fatigue qui va avec une charge de travail supplémentaire. Cela impliquera aussi des dépenses nouvelles (frais de déplacement, garde d’enfant...). Si pour les élèves le changement sera minime pour les enseignants cela constituera une nouvelle dégradation des conditions d’exercice du métier.
De reniements en remaniements
Plutôt que de « pousser », Peillon freine des quatre fers et s’est dégonflé devant les différents lobbies. La refonte des rythmes scolaires promettait une prise en compte des besoins des enfants et une réduction du volume horaire journalier.
Ce que l’on nous propose aujourd’hui c’est : 4 journées de classe de 5h15 + une demi-journée de 3h le mercredi matin. Les 15mn quotidiennes pourraient être regroupées, à raison d’une heure par semaine. Annualisées, ces 36h de cours pourront être regroupées et organisées selon les projets éducatifs locaux.
Les 108 heures annualisées sont toujours dues par les enseignants mais les modalités d’organisation (et la répartition interne entre animations pédagogiques, conseil des maîtres, etc.) font l’objet de négociations entre le ministère et les syndicats. SUD Éducation ne participe pas à ces négociations parce que nous en avons refusé le cadre. Par contre le dispositif des aides personnalisées est maintenu mais rebaptisé « aide individualisée » !
Où est l’allègement de la journée de l’enfant avec 45 minutes de moins par jour et une demi-journée de plus par semaine ? Où est l’intérêt de l’enfant ? Et celui de l’enseignant ?
Pour Sud éducation, une réforme des rythmes scolaires est inséparable d’une amélioration des conditions d’accueil, d’enseignement des élèves et des conditions de travail de l’ensemble des personnels. Nous refusons ce qui n’est qu’un vague bricolage qui nous ramène à l’avant Sarkozy. Le revenu des enseignant est en continuelle baisse depuis 10 ans, alors que notre temps de travail n’a aucunement diminué et que la charge de travail s’est alourdie !
Pour autre chose qu’un enfumage
Nous exigeons que la réforme des rythmes scolaires intègre le temps de concertation des équipes, non pas pour supporter la « paperasse » et les injonctions de la hiérarchie, mais pour mettre en place dans chaque école les orientations pédagogiques permettant aux élèves d’y trouver de véritables outils d’émancipation sociale et culturelle.
Tous les enfants doivent avoir accès à des activités socioculturelles, artistiques et sportives gratuites après la classe. Nous exigeons la mise en place d’une péréquation nationale dédiée au financement des activités périscolaires sur toutes les écoles du territoire pour éviter les inégalités entre les communes.
On ne lâchera rien
En tout état de cause, nous refusons que les revalorisations salariales soient liées à celui du rythme scolaire des élèves. Contrairement a la volonté des organisations syndicales qui ne veulent pas ébranler la gauche au pouvoir, même contre une prime, nous n’accepterons pas que la réforme se traduisent par une dégradation des conditions de travail des enseignants.
Cette réforme doit au contraire permettre la réduction de temps de service global pour les Professeurs des Écoles et Instituteurs. Pour SUD Éducation nous devons aller vers un alignement sur les 18h en charge de classe du second degré. Cela suppose d’assumer une rupture avec l’idée « 1 enseignant = 1 classe », qui est déjà largement de l’ordre du mythe avec les temps partiels et les différentes décharges. Rien n’indique que la présence de deux enseignants pour une classe soit nuisible aux apprentissages.
Nous réaffirmons la nécessité des RASED pour l’aide individuelle aux élèves en difficulté. Il faut en finir avec les heures d’aide personnalisée.
Nous dénonçons le manque cruel de consultation des personnels dans ce processus de réforme. Pour que toutes les questions puissent être posées et que les personnels puissent enfin participer, SUD Éducation revendique le report du processus à la rentrée 2014.
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