Le handicap handicapé ?
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Depuis la loi du 11 février 2005 sur le handicap, nous n’avons plus de raison de penser que l’Éducation Nationale n’a pas sa part dans l’accès et la prise en charge des élèves à besoin particuliers. Nouveaux noms : CLIS (Classes pour l’Inclusion Scolaire) et ULIS (Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire) mais le fond reste : permettre aux élèves handicapés d’être pleinement intégrés dans la communauté scolaire. Trop souvent pourtant ils se retrouvent encore noyés dans la grosse machine qu’est l’école. En Guyane des efforts ont été réalisés. De nombreuses classes ont été ouvertes dans le primaire et le secondaire mais doit-on se contenter de créer des classes sans qu’un projet global soit envisagé ?
Le constat des manques
En effet, dans la région de Saint Laurent comme ailleurs, on constate de nombreux dysfonctionnements. Plus de 200 élèves relevant de ces dispositifs n’ont pas de place. Cela signifie que, malgré leur notification de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées), ces élèves ne bénéficient pas de l’accompagnement spécifique nécessaire à leur réussite scolaire. En milieu ordinaire, sans aide d’intégration, ils courent à l’échec. Certains même sont déscolarisés. Dans le dispositif ULIS, contrairement aux ex UPI, le numerus clausus est supprimé. Les enseignants spécialisés devraient donc pouvoir accueillir plus d’élèves mais en roulement. Le reste du temps les élèves sont en classes « dites » normales. Dans les faits ce n’est jamais le cas. Prétexte est donc pris pour dire qu’il n’y a pas assez de places. Et comme les tests (critiquables) sont coûteux en temps, il est « recommandé » de ne les réaliser que pour les cas les plus évidents . Les Instituts Médicaux Éducatifs devraient accueillir les élèves ayant un handicap lourd : il n’y en a qu’un en Guyane et il est à Cayenne. Il est déjà saturé. Il en faudrait dans chaque grande ville. Il y a même des élèves avec des notifications de structures qui n’existent pas en Guyane. Autre chose, Les classes ne sont pas spécialisées en fonction des handicaps donc l’enseignant doit parfois faire face à des élèves aux profils variés ce qui ne facilite pas la gestion du groupe et des apprentissages. Il faudrait aussi parler de la formation de ces enseignants spécialisés. Dans la région de Saint Laurent, les titulaires dans le second degré sont une minorité, certaines ULIS n’ont pas encore d’enseignants et quelques enseignants sont parachutés en n’ayant eu aucune préparation à leur fonction. De manière plus générale, c’est l’ensemble des enseignants qui n’est pas formé à accueillir des élèves handicapés dans leur classe. L’inclusion est souvent rendue très difficile par l’inertie des habitudes des enseignants. Combien refusent encore la présence d’un AVS dans leur classe ? Combien ne se rendent jamais aux réunions de travail avec les organismes d’aide aux handicapés (ADPEP, SESSAD...). De toute façon, en amont il n’y a pas de pôle ASH (Adaptation Scolaire et Scolarisation des enfants Handicapés) digne de ce nom. Les différents acteurs liés au handicap ne se concertent pas de manière globale. Malheureusement, ce n’est que le reflet de la société et de la place accordée aux handicapés. Certains patrons préfèrent encore payer des amendes plutôt que d’embaucher des handicapés comme la loi le préconise.
Que faire ?
Alors, bien que l’ARS (Agence Régionale de la Santé) souligne qu’il y a des avancées, que le handicap est pris en compte en Guyane, nous sommes encore loin d’une prise en charge suffisante, adaptée et cohérente. En métropole, la prise en charge du handicap s’est beaucoup améliorée grâce aux pressions des familles. Ici, les familles font confiance à l’institution pour prendre en charge au mieux leurs enfants. C’est donc à l’ensemble de la communauté éducative de faire enfin bouger les choses.
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