Refondation bidon
par

Le projet de loi qui fait suite à la pseudo concertation sur la refondation de l’école a été rendu public le 6 décembre. Il sera présenté en Conseil des Ministres fin janvier 2013.
A la lecture du texte on s’aperçoit vite que l’on est très loin des déclarations enflammées du ministre ! Mais dès lors que la priorité de Hollande et de son gouvernement reste le paiement de la « dette ». On ne voit pas comment cette acceptation du libéralisme aurait pu permettre une réelle refondation progressiste de l’École.
L’École publique vient de vivre dix années de régression. Sur le plan pédagogique, la prétendue égalité des chances affirmée dans la loi Fillon de 2005 a instauré une école minimale dans laquelle chacun devient responsable de sa réussite et donc potentiellement aussi de son échec. Les personnels se sont trouvés face à des logiques managériales basées sur le renforcement de la pression hiérarchique et décourageant le travail en équipe. Sur le plan budgétaire le quinquennat de Sarkozy aura marqué une accélération sans précédent des suppressions de postes.
Outre cela des contre-réformes ont cassé le sens de nos métiers pour nous transformer en vagues gestionnaires de l’échec scolaire soumis à de plus de plus de travail administratif inutile.
Dans le premier degré
Même si le rôle essentiel de la maternelle est réaffirmé, on peut se demander comment nous pourrons mettre en place un véritable accueil des 2 ans comme cela a été annoncé concernant l’Outre-mer. En effet, la dotation supplémentaire en postes annoncée pour la rentrée 2013 suffira sans doute difficilement à rattraper un déficit évident en enseignants formés et ne résout de toute façon l’épineuse question du manque de classes et d’écoles. Rien sur l’aide personnalisée, dont nous ne voulons plus ! Les RASED « évolueront » mais on ne sait pas vers quoi ? Vont ils être transformés en « plus d’adulte que de classes » comme le préconise Vincent Peillon ? Quelles seront leurs missions et que deviendra alors l’ASH ?
Un chose est sûr, ces annonces (pas plus que les précédentes promesses de campagne du candidat Hollande) ne suffiront pas à nous faire avaler la réforme de rythmes scolaires dont les enseignants seront les dindons de la farce !
Dans le second degré
Les lycées restent divisés en généraux, technologiques et professionnels pour parfaire le tri social. Le « bac pro » en 3 ans et la contre réforme des lycées sont maintenus. Pourtant nous voyons bien les dégâts que cela entraîne en Guyane : un jeune sur deux sort du système sans qualification ! Comment pouvons-nous prétendre donner un avenir à notre jeunesse quand, au même moment, la Région Guyane annonce de significatives baisses des subventions aux établissements. Faut-il croire que nos élus préfèrent miser sur les belles promesses de compagnies pétrolières assoiffées de profits et pour lesquelles ils organisent de pseudo « forum des métiers ». C’est pourtant sur ce duo perdant collectivités- entreprises que semble miser notre ministre quand il dit, au journal Les Echos, dans un entretien, publié le 3 octobre : « Je veux que l’on puisse ajuster les préoccupations des entreprises et les nôtres pour donner la meilleure formation possible et la plus utile aux jeunes ».
Alors quoi ? C’est ça la Refondation ?
Le mammouth ministériel a accouché d’une souris, bilan d’une série de reculades et d’un manque d’ambition. Il n’y a aucune remise en cause les choix éducatifs de dernières années Ce n’est pas une refondation que l’on nous propose ce n’est que la fonte de nos espérances en une école émancipatrice, plus juste, plus humaine, plus solidaire. Une école qui garantisse l’égalité des droits et la réussite scolaire de tous les enfants.
Commentaires