Arlequin
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Souvenez-vous, nous sommes au XVIème siècle et Arlequin a un costume en patchwork. Risquons-nous à une comparaison : Notre Education Nationale serait aujourd’hui ce personnage de théâtre bigarré, fagotté avec des petits morceaux de tissus disparates qui lui créé un costume de menteur. Il est connu pour sa bouffonnerie. Il fait preuve de peu d’intelligence, il est famélique, crédule et paresseux. Il est toujours en quête de nourriture et pour en trouver, il est capable d’inventer toutes sortes de stratagèmes, pirouettes ou acrobaties, mais le reste du temps, il cherche avant tout à dormir et éviter le moindre effort. C’est pourquoi il cherche à réformer.(1)
Premier morceau de tissu : la réforme du lycée. Elle avait tout pour plaire : des idées intéressantes sur les modules d’exploration et d’approfondissement au choix des élèves ; une semestrialisation ; de l’aide individuelle...
Sauf que l’on ne connaît pas le coût de cette réforme - mais c’est vrai qu’on est tellement riche qu’on peut se le permettre !
Sauf que l’on ne sait rien de l’annualisation du temps de travail - personne n’en parle mais personne ne dément.
Sauf que les cours traditionnels sont en net recul - 21h seulement en tronc commun, disloquant le groupe classe comme jamais on ne l’avait fait.
Sauf que tout le monde oublie que les professeurs qui devront faire une heure hebdomadaire d’aide à l’orientation ne sont pas formés pour.
Sauf que l’on aperçoit des horizons bien obscurs : quid du Bac à terme ? Comment s’organise la répartition des heures d’enseignements généraux entre math, français, HG, etc. ? Quelle est la pertinence de l’autonomie des établissements qu’on peut aussi appeler concurrence entre les lycées ? Etc.
Deuxième morceau du costume : la réforme des concours : Les enseignants la demandent pour que les recrutements soient plus adaptés au métier de professeur.
Sauf que les futurs enseignants devront avoir Bac +5, c’est-à-dire un master – pas facile en Guyane où on ne compte que quelques étudiants en master 2.
Sauf que la solution proposée est d’impliquer dans le recrutement des personnels de direction, des membres de l’administration et de la hiérarchie de l’EN, ainsi que des membres de la société civile qui n’ont jamais vu une classe et des élèves ...
Sauf que réformer un concours ne sert à rien si on supprime 9000 places aux concours...(2)
Mais souvenez-vous ! Arlequin, c’est le bouffon qui cache les intentions de l’auteur ! Alors, messieurs, mesdames les Recteurs et les Réformateurs de tous bords, soyez honnêtes : annoncez la couleur comme M. Darcos : "la plupart des mesures que je prends servent surtout d’habillage aux suppressions de postes", in Le canard enchaîné, 22 octobre 2008.
(1)Pour en savoir plus sur les textes de références :
http://media.education.gouv.fr/file...
(2) André Ouzoulias, professeur à l’IUFM de Versailles-UCP
Les postes ouverts sont les ouvertures effectives et le remplacement des départs à la retraite tandis que les places au concours correspondent au nombres de places offertes annuellement.
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