Académie de Guyane, ou l’absence de prospective
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A l’heure où le sénateur J.E Antoinette et le président du Conseil Général A. Tien-Liong invitent la nouvelle ministre de l’éducation nationale, à venir dans le département de Guyane, dans l’espoir de voir aborder la question des moyens et des objectifs d’une éducation adaptée aux conditions concrètes de la Guyane et de l’inscrire comme axe prioritaire dans un plan de rattrapage spécifique, il est temps de faire un bilan sur les principaux problèmes de l’académie.
Dans le secondaire, la construction d’un lycée polyvalent et l’agrandissement d’un autre sont prévus pour 2018 alors que 938 élèves n’ont pas obtenu d’affectation après la 3ème. La seule solution proposée à court terme par le rectorat est l’augmentation du nombre d’élèves par classe ainsi que l’augmentation de l’amplitude des horaires d’ouverture des lycées (à moins que le rectorat n’anticipe une stagnation voire une diminution du nombre d’élèves). Par conséquent, encore une fois, ce sont les conditions de travail des enseignants et des élèves qui vont se dégrader davantage. On note aussi, une tendance à gonfler les effectifs dans les collèges existants où les élèves sont entassés dans des préfabriqués. De plus en plus d’établissements dépassent des tailles qui ne nous paraissent pas propices à l’apprentissage. Au vu de la forte croissance démographique, combien d’établissements dépasseront les 1000 élèves demain ?
Dans le primaire, le constat n’est guère meilleur. En cette rentrée 2014, on se demande quand l’école Saint-Agathe de Macouria sera prête et quand l’école Elie Castor de Grand Santi ré-ouvrira ? Pourquoi ferme-t-on des classes ? L’application des rythmes scolaires, tout comme pour l’année précédente, semble inadaptée et bâclée par la majorité des communes, pour la plupart plus intéressées par le fond d’amorçage que par la chronobiologie de l’enfant. On pourrait aussi parler de la grogne des parents d’élèves de Cayenne qui, en plus de ne pas avoir été écoutés, quant à l’application des rythmes, soulignent aussi que 80% de ses activités sont assurées par des personnels non formés et sans matériel. Que dire de la lutte contre la non scolarisation où rectorat et Conseil Général se renvoient la balle alors que la simple gratuité des transports scolaires réglerait une partie des problèmes ?
Pour le reste, c’est encore une rentrée bâclée que nous subissons et pour laquelle la charge de travail augmente encore : le déficit chronique de professeurs se traduit par le recours massif aux heures sup et par l´envoi aux quatre coins de l’académie de jeunes enseignants inexpérimentés ou peu formés Et l’ESPE me direz-vous ? Même si le recteur clame haut et fort que la question est réglée, ce n’est pas tout de suite qu’elle va livrer un contingent d’enseignants formés.
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