L’€cole de demain
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Le rapport Pochard, a été rendu public le 4 février 2008. Il s’inscrit dans la droite ligne du rapport Darcos de 2007 et de la lettre aux éducateurs de N. Sarkozy. Il fait à la fois un état des lieux de l’Education Nationale et émet des prescriptions qui reprennent le leitmotiv de la campagne présidentielle (« travailler plus pour gagner plus »)...mais pas seulement.
Certes, on pouvait s’y attendre, mais ce rapport, construit assez finement un ensemble de propositions qui tissent les mailles de ce que sera certainement l’école de demain : recul du cadre national des enseignements, mise en concurrence des « établissements comptables de leurs résultats » et évalués publiquement, le tout dans le contexte de la disparition de la carte scolaire, rémunération au mérite, renforcement des pouvoirs du chef d’établissement dont le rôle devient de plus en plus central, disparition des concours de recrutement, gestion « individualisée » des carrières...
Renforcement des pouvoirs du chef d’établissement.
L’autonomie dont il est question dans le rapport Pochard n’est là que pour permettre de renforcer, au niveau local, les pouvoirs du chef d’établissement chargé d’appliquer une politique de résultats. Il aurait une « marge d’appréciation » pour fixer les « modalités locales du travail », « un lien contractuel » pourrait s’établir entre l’établissement et l’enseignant. Son pouvoir d’évaluation serait renforcé, ce qui aboutirait à concentrer un peu plus encore le pouvoir entre les mains d’une seule personne.
Annualisation du temps de travail, augmentation des obligations de service, bivalence.
La définition hebdomadaire du temps de travail céderait la place à une définition annualisée de 648 heures de cours auxquelles il faudrait ajouter des activités comme « l’accompagnement de l’élève » ou l’aide à son orientation et des activités « modulables » pour les volontaires et rémunérées en heures supplémentaires. La bivalence est proposée en 6/5eme (il est même proposé le création de CAPES bivalents). Alors que le temps de travail des enseignants est évalué à plus de 40 heures hebdomadaires par les études du ministère, ces mesures visent à augmenter encore la charge et les horaires de travail.
Loin de poursuivre un objectif pédagogique, ces mesures visent uniquement à réaliser des économies budgétaires.
Évolution des carrières.
Toute augmentation générale des salaires est exclue, alors que la commission a reconnu la perte du pouvoir d’achat des enseignants et la réalité du problème salarial. Augmentations de début de carrière et primes sont évoquées mais toujours avec une contrepartie en temps de présence supplémentaire ! Cette nouvelle version du « travailler plus pour gagner plus » est inacceptable ! Le principe d’une rémunération basée sur une grille applicable à tous est dénoncé comme « un égalitarisme réducteur source de démotivation ». C’est faire là les louanges de la rémunération au mérite.
Le rapport préconise une individualisation des « parcours », le développement de carrières « négociées », d’évolutions professionnelles « sur mesure ».
« Les carrières pourront être négociées dans le cadre d’engagements réciproques entre l’enseignant et l’institution ». C’est donc une mise en concurrence directe des personnels entre eux.
Est également envisagée l’évaluation collective des personnels sur la base des résultats de l’établissement.
Recrutements.
En ce qui concerne les recrutements, plusieurs pistes sont envisagées allant d’une simplification des concours du second degré, éventuellement déconcentrés avec recrutement académique (cf 1er degré) jusqu’à la suppression pure et simple de ce mode de recrutement et son remplacement par un recrutement après un « master d’enseignement ». Dans cette dernière hypothèse, sont envisagés soit un concours simplifié, soit une procédure de qualification suivie d’une sélection par l’instance locale soit, enfin, un recrutement sur candidature individuelle.
Refuser la politique managériale.
Pour nous ces choix sont inacceptables : ils aggravent les conditions de travail, mettent en place une gestion managériale et aboutiront inévitablement à un accès plus inégalitaire à l’École par une concurrence accrue entre établissements. Les propositions « Pochard » sont à replacer dans le cadre du projet de 80 000 suppressions de postes en 4 ans ! Pour y parvenir, une nouvelle « contre réforme » de l’enseignement est indispensable : elle a commencé par la suppression du samedi matin en primaire, la suppression du BEP et d’une année d’étude dans l’enseignement professionnel et va se poursuivre en collège et en lycée.
Ainsi se dessine un projet de transformation de l’école qui abandonne l’objectif de service public au profit d’une course aux résultats.
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