D’un coup de baguette magique, la citrouille devint carrosse
par
De la pénombre de l’orage surgirent des centaines de milliards.
Un véritable feu d’artifice illumine cette sombre nuit. Oh ! La belle bleue, oh ! La belle rouge, s’exclamaient béatement petits et grands. 700 milliards pour les États-unis, 630 au Royaume-Uni, 360 milliards pour la France, 480 milliards pour l’Allemagne etc. ; dans le monde entier l’argent public se mit à couler à flot. Il fallait sauver un système qui venait de faire la démonstration de sa capacité à détruire le travail des hommes, à détourner, à spéculer, à enrichir une caste de privilégiés. Se frottant les mains, les dirigeants de ce monde décadent virent alors qu’ils pouvaient puiser sans limite dans l’avenir.
Les sommes présentées sont tellement démesurées pour ceux qui aujourd’hui vivent en comptant euro après euro, qu’il est difficile de relier ces montants à la vie quotidienne. Les 360 milliards pour la France représentent simplement près de quarante fois le trou abyssal de la Sécu, le fameux gouffre qui nous est présenté régulièrement pour justifier toutes les coupes sombres, 360 milliards représentent 6 fois le budget de l’éducation nationale etc.
Depuis des années le monde du travail, bercé de rêves, gavé de l’idéologie néo-libérale, ébloui par le scintillement d’un monde d’apparences, voit ses conditions se dégrader et sa situation se précariser. Que de couleuvres ils nous ont fait avaler ! Mais ça marche tellement bien, pourquoi ne pas continuer ?
Les douces sirènes de l’idéologie, " rentabilité, équilibre des marchés, autorégulation des marchés, les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain et l’emploi d’après-demain, mondialisation, compétitivité, actionnariat, retraite par capitalisation " ont pénétré dans les esprits laissant même à penser de-ci de-là que les frontières entre le patron et le salarié, entre le travailleur et l’actionnaire, s’étaient estompées.
Les intérêts de tous n’étaient-ils pas les mêmes et l’enrichissement démesuré des dirigeants n’était-il pas que la contre-partie du potentiel et du risque pris ?
Le salarié, simple variable d’ajustement, ne pouvait que baisser l’échine devant cette loi d’airain qui faisait de lui le pion éjectable, du fonctionnaire un feignant privilégié, du chômeur un profiteur, du pauvre un danger. Chacun, en son endroit, écrasant celui qui était perçu comme inférieur, car mis en pâture chaque soir par des médias au service de dirigeants sans scrupules.
Battez-vous entre vous les pauvres, pendant ce temps nous encaissons.
Et ils encaissaient et ils jouaient avec notre travail, notre avenir, nos vies, notre environnement. Et comme le risque n’est pas l’ami de nos courageux dirigeants, ils s’instaurèrent un système du type " à tous les coups on gagne ". Dans cette monstrueuse crise, aucun banquier, aucun dirigeant, aucun spéculateur, comme en 1929, ne se suicide parce qu’il serait ruiné ou simplement pris d’une crise morale. Il faut dire qu’entre temps ils ont inventé les parachutes dorés, les lois d’amnistie, la fiscalité et les " copains coquins ", autant d’éléments particulièrement protecteurs et rémunérateurs.
Quand tout va bien ils encaissent, quand tout va mal ils encaissent.
Et quand l’argent privé vient à manquer, quand les banques ne se font plus confiance tellement " chacun est aussi pourri que l’autre " c’est à bras raccourcis que nos libéraux, idéologues du marché, se jettent sur l’argent public.
A la grande question du "qui va payer ?", peut-il exister un seul salarié pour ne pas savoir que c’est lui qui va payer la note ? Et elle va être salée, à la mesure des sommes en jeu.
Le silence actuel du monde du travail va autoriser nos bons dirigeants à aller plus loin et plus vite.
Après la crise bancaire, la crise financière, nous rentrons maintenant dans la crise économique. Les responsables de cette situation, non contents de ne pas se retrouver en taule, s’apprêtent à commettre un vol massif d’argent public qu’ils vont nous faire payer. Comme si de rien n’était, ils vont continuer les mêmes réformes, les mêmes rackets, les mêmes spéculations, avec plus d’intensité.
Mais les contradictions générées par cette crise qui va frapper avec une extrême brutalité la classe moyenne, vont entraîner une réponse, car le valium médiatique distribué à longueur d’antennes ne pourra éternellement calmer le dégoût que cette situation induit.
Derrière l’apparente apathie, tétanisation du salariat, couve le feu de la révolte, et plus celle-ci se fera tardive, et plus elle sera explosive.
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