Saint-Laurent-du-Maroni : Paul Jean Louis ou la matérialisation des dysfonctionnements institutionnels
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Saint-Laurent-du-Maroni : Paul Jean Louis ou la matérialisation des dysfonctionnements institutionnels
— > Un état des lieux alarmant
Un élève de sixième transporté à l’hôpital suite à la chute d’un portail d’une demi-tonne, les toitures qui s’envolent et atterrissent dans la cour, des incendies nocturnes à répétition provoqués par l’intrusion d’individus dans l’établissement, une clôture en pointillé ne permettant pas de contrôler les allées et venues de nos élèves et des autres personnes - dans l’enceinte, des locaux vieillissants (certaines salles ne remplissent plus les normes en vigueur), en désuétude, beaucoup trop petits : le manque de salle de permanence fait que de nombreux élèves ne sont pas (ou peu) pris en charge pendant les heures de cours et se baladent bruyamment dans les couloirs, des sanitaires élèves sans verrous, des livres scolaires et des carnets de liaison qui arrivent 2 mois après la rentrée, un parc informatique ridicule et une salle des professeurs révoltante : 4 chaises, 2 tables, un canapé vieilli, des petits casiers non-sécurisés et cassés, 1 toilette et 4 ordinateurs pour plus de 80 professeurs.
Voici le bien triste portrait du collège 3 accueillant quelques 1150 enfants provenant en grande partie du quartier Vampire, quartier paupérisé abritant de nombreuses personnes immigrées en provenance du fleuve Maroni et du Surinam.
— > Les personnels comme « Garde-fous » ?
Face à ces événements et faits déconcertants, le rectorat et la CTG se sont immédiatement mobilisés pour rétablir la sécurité et les conditions propices à l’enseignement de qualité (auquel a le droit chaque enfant scolarisé sur le sol français)...
… Euh, en fait, NON ! Les personnels et leurs représentants ont averti par deux fois, par courrier officiel, le recteur et le président de la CTG, des graves problématiques qui touchaient l’établissement et ils n’ont eu AUCUNE réponse. Le recteur et la CTG ont daigné se déplacer seulement après que le pire soit arrivé : un enfant a failli mourir écrasé par un portail.
Cela montre, malheureusement, que la CTG et le rectorat n’ont pas les moyens ou la volonté de réaliser un réel suivi de leurs locaux scolaires. Les derniers garde-fous sont donc les personnels qui doivent repérer et signaler - à plusieurs reprises - les dysfonctionnements parfois aberrants de nos établissements.
— > Droit de retrait au pied du mur
Le collège « Paul Jean-Louis » illustre parfaitement ce dernier point. Suite à de nombreuses intrusions (parfois accompagnées de violences) et aux incendies répétitifs qui ont eu lieu fin janvier et début février, plus d’une quarantaine de professeurs se sont placés en droit de retrait (en respectant la procédure à la lettre) en invoquant un espace de travail dangereux pour leur personne. Ce ne fut malheureusement pas le cas de l’administration. Clairement, le rectorat se retrouvait dans l’obligation d’agir car il était impossible de qualifier d’abusif le droit de retrait d’autant de professeurs dans un établissement ayant connu les épisodes cités plus haut : en 1 semaine, les travaux et la nomination de surveillants prévue pour avril étaient réalisés. Comme quoi quand on veut, on peut… au moins en partie.
— > Gestion de l’urgence
Pour tirer du cas « Paul Jean-Louis » une vision plus « générale », on peut y voir la démonstration non camouflée de la fébrile gestion dans l’urgence que pratiquent la CTG et le rectorat : n’engager aucune politique de fond - et donc coûteuse - sur les locaux et allouer les crédits pour éteindre les mécontentements qui deviennent trop « visibles ». Il est fort probable que nous ne soyons malheureusement pas au bout de nos peines.
Bêtise à moyen et long terme :
Alors que ces dysfonctionnements se cumulent, que le temps accroît de fait les difficultés, que la situation sociale de la ville se délite… l’attitude des « chefs » a encore été de dénigrer, voire de menacer…
Certains ont même dû être repris par d’autres de par la violence dont ils ont fait preuve…
Pourtant, nous le savons, le recrutement des professeurs reste une gageure en Guyane, cette absence de soutien, de bientraitance et tout bêtement de bon sens favorisera-t-elle les futurs recrutements ?
Nous en doutons !
… ainsi, nous doutons de l’intérêt de ces personnes pour le service public et donc pour les usagers… que nous sommes !
J. (mars 2017)
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