Direction d’école : un protocole à combattre
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Dans la plus grande discrétion depuis 6 ans, un certain nombre de directeur(trice)s d’école, sont en grève administrative pour protester contre l’augmentation de la charge de travail et l’accumulation de tâches qu’ils doivent assumer. Le ministère a proposé un protocole qui a été refusé par tous les syndicats sauf le SE-UNSA qui, il fallait l’oser, qualifie cet accommodement de « signature pour de nouveau combat »… Du coup ce protocole est rentré en application dès cette rentrée 2006.
Les syndicats réclamaient, entre autres, une augmentation des décharges.
Le ministère bien sûr n’y a pas répondu. Il propose par contre l’embauche d’Emploi Vie Scolaire (EVS) pour soutenir la direction dans les tâches administratives. Les emplois proposés sont de type Contrat d’Avenir (CA) ou Contrat d’Accompagnement à l’Emploi (CAE). Ces deux types de contrats, remplaceront les défunts Contrats Emploi Solidarité (CES) et Contrats Emploi Consolidé (CEC).
Le contrat d’avenir (CA) est un contrat à durée déterminée d’une durée minimale de 2 ans et à temps partiel (26 heures hebdomadaires). Il est destiné aux personnes qui bénéficient, depuis au moins 6 mois, de minima sociaux. Il s’adresse aux allocataires du Revenu Minimum d’Insertion (RMO, aux chômeuses et aux chômeurs en fin de droits bénéficiaires de l’Allocation de Solidarité Spécifique (ASS). Il peut être cumulé sous certaines conditions à l’Allocation de Parent Isolé (APl) ou à l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH). La personne est censée bénéficier d’actions de formation et d’accompagnement.
Le contrat d’accompagnement dans l’emploi (CAE) est un contrat à durée déterminée, en principe d’une durée minimale de 6 mois, renouvelable deux fois, dans la limite de 24 mois. La durée hebdomadaire du travail prévue est de 20 heures hebdomadaires. Le CAE est destiné aux ’personnes sans emploi qui rencontrent des difficultés particulières d’accès à l’emploi".
Toutefois, dans l’Education Nationale, les contrats de travail des Emplois Vie Scolaire seront de manière dérogatoire des CDD de 10 mois et seront payés 20 heures pour "récupérer" les vacances scolaires ! Pourquoi payer les précaires pendant 12 mois alors que l’année scolaire ne dure que 10 mois ? La meilleure étant que ça ne coûte quasiment rien à l’Education Nationale puisque les "salaires" des EVS étaient déjà budgétés à 90% par le ministère de l’Emploi et de la Cohésion Sociale de Borloo (sic) ! Après la lutte contre le projet de loi sur l’égalité des chances qui s’est soldée par le retrait du CPE, mettre 45 000 emplois plus que précaires dans les écoles pour régler l’épineux problème de la direction d’école relève du mépris. Et accepter ce dispositif c’est de fait accepter qu’une bonne partie de nos collègues triment dans les affres de la précarité car la seule perspective pour les EVS, c’est le retour à l’ANPE. Les directeurs devaient en outre participer aux entretiens d’embauche, SUD Éducation a appelé à ne pas y participer.
Le 2ème volet est l’utilisation de professeurs des écoles stagiaires comme décharge des directions d’école de 4 classes. Ces PE2 viendront un jour par semaine toute l’année pour remplacer les directeurs. Cette mesure est un scandale. Elle impose une prise de fonction sans formation et induit une diminution du nombre d’heures de formation initiale. Sur l’évaluation de ce « stage filé », aucune information, personne ne sait comment la formation et le suivi pourront se mettre en place. L’utilisation des PE2 aura aussi pour conséquence une baisse du volume de la formation continue pour les titulaires, ce qui n’est pas acceptable. Le stage filé remplacera un stage en responsabilité ce qui fera tomber le nombre de semaines en responsabilité de 9 à 6. Un ou une PE stagiaire viendra donc remplacer un jour par semaine le directeur ou la directrice des écoles de 4 classes (les écoles ont une décharge seulement à partir de 5 classes). Or, ceci ne pourra pas se faire lorsque le ou la stagiaire sera en stage de responsabilité. Parce qu’une grande partie des enseignants partant en stages de formation continue sont remplacés par des PE2 effectuant un stage en responsabilité de 3 semaines, c’est la formation continue des enseignantEs qui se verra encore réduite. Quant à l’augmentation prévue de l’indemnité de direction (qui n’est pas une solution au problème du fonctionnement de l’école), elle ressemble à une aumône (15€ par mois).
Voilà donc des mesures qui ne coûtent pas cher et qui ne répondent pas aux besoins des élèves et des personnels. Pour l’instant les directeurs d’école sont des enseignants chargés de direction. Mais à signer des protocoles aussi lamentables, même « pour de nouveaux combats », nous les verrons devenir nos supérieurs hiérarchiques directs, mais peut-être est-ce là ce qui est désiré… A SUD Education nous luttons pour un fonctionnement démocratique de l’école avec une institutionnalisation du Conseil des Maîtres ayant des compétences élargies à tous les aspects de la vie de l’école, ayant les moyens de fonctionner, notamment avec le temps nécessaire pour répondre à des exigences sans cesse en augmentation.
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