Edito
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C’est la rentrée des crasses
Le recteur Blanquer a beau se taper sur le ventre et se pavaner dans tous les médias guyanais pour annoncer tout guilleret la création de 170 postes supplémentaires pour l’académie, ne nous trompons pas, cette rentrée 2006 ne se passe pas aussi bien qu’on veut nous le faire croire.
La création de postes dans l’académie de la Guyane n’occulte pas les 15 000 postes de fonctionnaires partant à la retraite qui ne seront pas reconduis. Et si on peut se réjouir que le ministère prenne en compte l’augmentation de la population scolaire guyanaise, ces créations ne sont pas suffisantes pour combler l’immense déficit de personnel de l’académie et ne tiennent pas compte de tous les enfants non scolarisés du département. Car en cette rentrée, la mode est plutôt à la disette et aux coups fourrés.
Toutes les mesures de la loi Fillon que nous dénoncions sont en train de se mettre en place sournoisement sous la houlette du ministre de Robien. Dans la foulée, le gouvernement Villepin innove en approuvant dans le cadre de la Loi dite sur l’Egalité des chances, l’apprentissage junior dès 14 ans qui peut remettre en cause l’obligation scolaire jusqu’à 16 ans. Car pour les élèves aussi c’est la rentrée des crasses, leur comportement va maintenant être noté histoire que, après l’épisode du CPE, la jeunesse apprenne enfin à faire profil bas et à rentrer bien sagement dans le rang.
Toutes ces mesures s’opèrent dans le cadre de la LOLF (loi organique relative aux lois de finances) dans une logique de contractualisation des moyens selon les « performances », la fameuse culture des « objectifs ». Désormais, le champ sémantique utilisé le prouve, l’école n’est qu’une entreprise comme les autres, soumises aux lois de la concurrence et de la rentabilité économique. Le MEDEF en rêvait depuis longtemps, le gouvernement le fait tranquillement.
Face à ces dégradations continues, la mobilisation est un impératif. L’avenir de l’école publique nécessitera assurément plus que la grève du 28 septembre... Cette journée doit être une étape vers une mobilisation croissante que nous devons construire sans attendre dans nos établissements. Sud éducation Guyane appelle tous les personnels, titulaires et non titulaires à se réunir, à tenir des heures syndicales et des AG dans ce but.
Cette rentrée a aussi été l’occasion de faire comprendre à la préfecture de la Guyane que la récré était terminée. Si les services de la préfecture ont pu se vanter d’avoir expulsé des enfants scolarisé pendant les vacances, la mobilisation des jeunes et des enseignants a permis de stopper provisoirement l’expulsion d’élèves.
Pour Sud Éducation, cette mobilisation est un premier pas. Tant que la préfecture n’aura pas pris d’engagement écrit nous devrons rester réactifs.
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