International

Oaxaca : une révolte populaire ignorée des médias

mardi 15 mai 2007
par  Sud Éducation Guyane

Voilà maintenant plus de neuf mois que, dans une indifférence quasi générale des médias français, le peuple d’Oaxaca, ville et état du sud du Mexique, mène une lutte sans répit pour faire valoir ses droits et se trouve confronté à une répression gouvernementale incessante.

Une grève qui se durcit.

Dans cet état pauvre à majorité indienne, tout a commencé le 22 mai 2006 quand environ 70000 instituteurs de l’état d’Oaxaca entreprennent une grève afin de réclamer une augmentation salariale et occupent la place centrale de la capitale du même nom. Loin d’entamer des négociations, le gouvernement de l’état d’Oaxaca répond par une vague de répression sauvage, encerclant les manifestants par plus de 3000 policiers et recourant au jet de gaz lacrymogène. Après des heures de lutte se soldant par plusieurs blessés du côté des manifestants, ceux-ci parviennent à reprendre le contrôle du centre-ville et dès lors le mouvement se radicalise. Les enseignants réclament la démission du gouverneur, le sénateur Ulises Ruiz Ortiz, membre du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), le parti qui était alors au pouvoir depuis 71 ans au Mexique et particulièrement implanté dans les États du sud. Mais surtout, le mouvement s’élargit : une grande partie de la société se joint à la lutte des enseignants. Révoltés, tant par la fraude électorale par laquelle Ruiz était devenu gouverneur, que par la violence gouvernementale contre une multitude d’organisations communautaires et régionales, des centaines de milliers d’habitants de l’État d’Oaxaca occupent la rue et une trentaine de mairies. En juin, plus de 380 organisations (communautés indigènes, syndicats et associations civiles), forment l’Assemblée Populaire du Peuple d’Oaxaca (APPO), forum permanent et organe de décision du mouvement. A ce stade, le mouvement populaire a pris une ampleur beaucoup plus vaste. Ainsi, en plus de centaines de professeurs, il compte de nombreux travailleurs de la ville et de la campagne, notamment des milliers d’indigènes. La population est informée, organisée et politisée. S’inspirant de la vie communautaire des villages et de la démocratie parallèle issue de la résistance indigène, elle mène une action de désobéissance civile pacifique, assumant le contrôle politique de la ville.

Un pouvoir assassin.

Mais à mesure que le temps passe, le conflit se durcit et la répression se poursuit. Les élections du 2 juillet et l’agitation qui s’ensuit font passer au second plan ce qui se passe à Oaxaca. Ruiz en profite alors pour organiser les terribles "caravanes de la mort", c’est-à-dire des groupes de tueurs qui, à bord de fourgons et motos sans immatriculation, commettent des crimes effroyables dans la plus totale impunité. En réaction, l’APPO élève des centaines de barricades dans le centre-ville et dans les banlieues, en se proclamant seul gouvernement légitime d’Oaxaca. Le 1er août, face à la manipulation persistante de l’information, 2 000 femmes environ, en majorité des ménagères, des enseignantes et des étudiantes, prennent possession de la radio et de la télévision gouvernementales, en les transformant en outils de communication alternative ouverts à tous les secteurs sociaux.
Jusqu’à la fin de l’année 2006, la liste des morts et disparus augmente. Pourtant, au lieu de reculer, le mouvement s’approprie des espaces stratégiques, devenant une menace non seulement locale mais aussi nationale. On commence alors à parler de la "commune d’Oaxaca" (au sens d’organisation politique indépendante, collective et égalitaire).

Une résistance pacifique.

Aujourd’hui, Oaxaca vit dans un état de siège camouflé, mais la résistance continue. Les prisons clandestines, l’impunité, la terreur et les enlèvements rappellent les années sombres des dictatures militaires d’Amérique du Sud. Avec une nouveauté inquiétante : à la différence des groupes armés du passé, l’APPO est un mouvement essentiellement pacifique. Les 23 personnes assassinées (plus une centaine de disparus) sont d’un seul côté : celui du mouvement. Et les autorités se gardent bien d’arrêter les coupables.
Refusant toute structure hiérarchique, l’APPO incarne la lutte du peuple contre les dictatures néo-libérales et pour les droits fondamentaux des peuples indigènes. Dans un pays comme le Mexique où les gouvernements n’ont pas trop de scrupules sur les méthodes qu’ils emploient pour réprimer les mouvements sociaux, une telle résistance et une telle capacité d’organisation forcent le respect.

Plus d’infos ici :

http://www.mexico.indymedia.org/oaxaca

http://risal.collectifs.net/

http://www.la-bas.org/article.php3?...

Une vidéo en français :

http://www.dailymotion.com/group/27...


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Brèves

Coup de gueule… bis

dimanche 14 septembre 2014

Au collège, on accueille de plus en plus d’élèves hétérogènes : non lecteurs, lecteurs débutants, déchiffreurs, en difficultés personnelles, sociales, primo arrivants, etc. Le collège doit donc devenir un lieu où tous ces élèves ont leur place mais aussi le lieu de toutes les expérimentations. Génial !
On va pouvoir enfin inventer, créer, innover. Oui, mais... Quels outils, quel matériel, quelle formation pour le professeur qui veut s’investir dans les projets ? Il va falloir tâtonner, trier la masse d’informations sur internet, faire des proformas, écouter le discours des uns, des autres, trouver une salle, demander une armoire, des livres, un ordinateur ? J’en passe ! Monter des projets, c’est bien joli, mais quel parcours du combattant ! Tout ceci est-il bien logique à l’heure où on supprime les enseignants spécialisés ? Est-ce au professeur lambda de remplacer ces spécialistes ? Comme d’habitude, on marche sur la tête !

Coup de gueule

dimanche 14 septembre 2014

80% d’une classe d’âge au bac ! C’était une révolution. L’égalité des chances... etc. Oui, on y arrive.
On trafique les notes, on fait passer les élèves au bénéfice de l’âge, on les maintient dans le système sans leur donner les moyens de réussir.... j’en passe ! On arrive maintenant à avoir des élèves qui vont au bac en sachant tout juste lire. Oui, tout le monde peut avoir son bac, un bac bradé pour faire du chiffre !
De quel intérêt parle-t-on alors ? Celui de l’élève ou celui de la sacro-sainte statistique d’une société dans laquelle seul le rendement compte ?

Enquête par questionnaire

jeudi 13 décembre 2012

Dès janvier SUD Éducation Guyane lancera une enquête par questionnaire sur les conditions matérielles de travail dans les écoles de Guyane.

L’objectif est pour nous de recueillir des données chiffrées histoire de dresser une liste assez exhaustive de problèmes rencontrés au niveau de nos extraordinaires conditions de travail...

Pour mener à bien cette enquête nous avons reçu un coup de main des camarades du département de sociologie de l’université Brest.

Double vacation

jeudi 13 décembre 2012

Le recteur est revenu sur sa position : il n’y aura pas d’expérimentation de la double vacation en Guyane. Reste que des enfants sont toujours non scolarisés et les constructions scolaires manquent cruellement.

La fédération SUD Éducation va intervenir auprès du ministère pour réaffirmer la nécessité d’un plan d’urgence pour l’éducation en Guyane.

Inspection : et si on arrêtait les bidouillages ?

jeudi 13 décembre 2012

SUD Éducation vient d’écrire au recteur pour lui demander de rappeler à ses Inspecteurs qu’ils ne peuvent pas faire n’importe quoi en matière d’inspection.

Les inspections surprises ne sont pas réglementaires. Les rapports d’inspection doivent être adressés aux intéressés dans un délai d’un mois et la note pédagogique doit être communiquée dans le trimestre qui suit l’inspection.