Vers la privatisation de l’école publique
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Le Conseil Supérieur de l’Éducation, en séance du 25 janvier 2007, propose un projet de décret relatif à l’expérimentation des établissements d’enseignement primaire. Avec ce projet, le ministère de l’Éducation nationale accélère la mise en place d’une expérimentation sur 5 ans des Établissements Publics d’Enseignement Primaire et définit le statut des futurs « super directeurs ».
Un pouvoir accru de la collectivité territoriale
Si on se réfère à la note de présentation, il s’agit d’améliorer « l’offre éducative » et « la gestion mutualisée des moyens » en développant des regroupements administratifs d’écoles (maternelles et élémentaires). Cette nouvelle entité sera gérée par un conseil d’administration, présidé par un représentant d’une collectivité territoriale. C’est la suite logique de la loi de décentralisation (article 86 de la loi du 13 août 2004). Et cette logique est celle d’un désengagement toujours plus grand de l’État. Elle fait passer les écoles concernées sous le contrôle des élus locaux et porte atteinte, de fait, à l’indépendance de l’Éducation Nationale vis-à-vis des pouvoirs locaux.
La composition même du CA est assez parlante (à comparer à l’actuel conseil d’école) :
50 % de représentants des communes ou intercommunalités.
30 à 40 % de représentants des directeurs d’écoles et enseignants.
10 à 20 % de représentants des parents.
voix consultative pour le directeur EPEP et les IEN.
Les parents et les enseignants y sont minoritaires ! Le président a voix prépondérante en cas d’égalité : les collectivités territoriales sont majoritaires de fait.
Les principes du Conseil d’école où parents et enseignants étaient majoritaires sont reniés !
Les prérogatives du CA sont considérables :
Adoption du projet d’établissement, du règlement, recrutement des personnels (aujourd’hui les précaires et demain ?), décisions concernant les conventions, le budget, les contrats, les marchés, avis sur la structure pédagogique de l’EPEP…
Cela ouvre la porte à un recrutement et un mouvement des personnels éducatifs sur la base de dossiers ou d’entretiens.
La précarisation de nos postes est en cours !
Le directeur d’EPEP : le pouvoir du « super directeur »
Le Directeur d »EPEP sera recruté sur des postes à profil pour une durée de cinq ans renouvelable une fois.
Le Directeur d’école devient un intermédiaire hiérarchique supplémentaire relayant les consignes de l’Education nationale et des Collectivités territoriales.
Ceci est à replacer dans le contexte de remise en cause des secteurs scolaires et donc de la mixité sociale dans les écoles.
Ces mesures concourent à mettre les écoles publiques en concurrence.
C’est une nouvelle façon pour le pouvoir politique de privatiser et démanteler le Service public !!!
SUD Éducation ne peut être que contre ce projet qui s’inscrit dans une logique de décentralisation et qui ne répond en aucune manière aux besoins des écoles. Un autre choix d’expérimentation était possible : soutenir les expériences de gestion directe par le conseil des maîtres par exemple.
Nous rappelons ici nos revendications :
Contre tout statut, même déguisé, de chef d’établissement dans les écoles.
Contre toute mise en concurrence des écoles entre elles.
Contre les EPEP.
Pour des secteurs scolaires socialement mixtes.
Pour les 3 heures de concertation hebdomadaires (24 H cours élèves + 3 H concertation).
Pour la formation de tous les personnels au travail collectif.
Pour l’augmentation des décharges attribuées aux écoles.
Pour la création, dans les écoles, d’emplois administratifs tenus par des personnels titulaires et formés.
Pour la création de postes d’Assistantes Sociales dans les écoles, et les moyens pour les personnels sanitaires et médicaux de travailler dans des conditions correctes. En particulier dans les écoles ZEP.
ECOLE | EPEP | ||
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Décision de création | - dans le cas où l’organisation du service public l’exige : préfet du département, sur proposition de l’IA et après avis du CDEN, | - représentants des communes ou des EPCI, après avis des conseils des écoles concernées et accord de l’autorité académique, qui doit en apprécier l’impact sur les finances publiques. - représentants des communes ou des EPCI, après avis des conseils des écoles concernées et accord de l’autorité académique, qui doit en apprécier l’impact sur les finances publiques. - représentants des communes ou des EPCI, après avis des conseils des écoles concernées et accord de l’autorité académique, qui doit en apprécier l’impact sur les finances publiques. | |
Statut | - pas de statut d’établissement. | fixe notamment :
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Conseil d’école | - directeur d’école
![]() maîtres de l’école + remplaçants éventuels ![]() ![]() ![]() L’IEN assiste de droit aux réunions. Président : le directeur d’école (fixe l’ordre du jour. Attributions ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Conseil d’Administration | - 50% de représentants des communes
![]() ![]() Le directeur de l’EPEP et le ou les IEN assistent de droit aux réunions. Président : un représentant des communes (fixe l’ordre du jour, a voix prépondérante en cas d’égalité des voix). Attributions ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Directeur | - procède à l’admission des élèves et les répartit dans les classes ;
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- est l’organe exécutif de l’EPEP ;
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Conseil des maîtres | Composition
![]() ![]() ![]() ![]() Attributions ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Conseil pédagogique | Composition
![]() ![]() ![]() Le ou les IEN assistent de droit aux séances du conseil pédagogique. Attributions ![]() ![]() |
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