Tout va très bien Madame la Rectrice…
par

A entendre F. Robine tout va très bien. Certes il y a quelques ajustements à faire mais rien de bien grave. En particulier, elle dit qu’il y a assez d’enseignants, le vrai problème étant qu’ils ne veulent pas aller sur les sites isolés. Et puis les classes surchargées il n’y en a pas beaucoup car les élèves sont absentéistes et c’est l’autre grand problème de Mme la Rectrice.
Eh bien non, ça ne va pas Mme la Rectrice, et il ne suffira pas de petits ajustements pour que ça aille !
Il y a de vrais problèmes dans l’éducation en Guyane qui nécessitent une augmentation significative des moyens.
La surcharge des effectifs : avec des classes allant jusqu’à 37 élèves (lycée Monnerville), des secondes de Lycée professionnels à 33 élèves (Max Joséphine), et de nombreuses classes à 30 élèves dans les collèges.
Les élèves sans enseignant : il manquait 5 enseignants à la rentrée à Gran Santi (il en manque encore 3) un site isolé, mais il en manquait aussi 13 à Melkior en plein centre de Cayenne (il en manque encore 3). Le vrai problème ce n’est donc pas que les enseignants refusent d’aller sur les sites isolés, mais qu’il n’y a pas assez de titulaires et que les conditions d’accueil sur le fleuve sont déplorables.
Des conditions de scolarisation indignes sur les sites isolés :
A Grand Santi par exemple, 1 mois après la rentrée voici les conditions : 1 surveillant pour plus de 450 élèves, pas d’infirmière, pas de salle de permanence, une explosion des effectifs dans les classes en difficulté, pas de dispositif pour les élèves non francophones, 10 ordinateurs seulement, des problèmes de transport scolaire, 4 toilettes.... une dizaine d’enseignants sans logement à Camopi et à Saint-Georges, pas de pirogue à disposition (Apaguy), établissements sans moyens (voir lettre des collègues de Gran Santi sur notre site).
Des vies scolaires déplumées : par exemple un CPE en moins à la rentrée à Melkior et Garré, (un ajustement a été fait sous la pression des personnels), 1 CPE pour 780 élèves au collège d’Angoma (classé ECLAIR à Saint-Laurent) et pour pallier le manque de surveillants certains font preuve d’imagination. Un principal a proposé que les élèves de 4ème et 3ème surveillent les plus jeunes ! Vont-ils aussi gérer les absences ? Sûrement est-ce la solution miracle pour lutter contre l’absentéisme chronique !
Une insuffisance de locaux : de nombreuses classes n’ont pas pu ouvrir (400 élèves sans écoles à la rentrée à Javouhey, Camopi, Taluen, Cogneau Lamirande...) et d’autres ont ouvert avec des conditions d’accueil insuffisantes ( sanitaires non fonctionnels, salles très vétustes)
Le dispositif ECLAIR dans les établissements à besoins prioritaires s’est accompagné de la suppression de postes comme nous le craignions : au collège Kapel pour le même nombre d’élèves, 4 classes en moins, 4 postes supprimés dont un de Français Langue Étrangère, des ateliers de lecture non reconduits et 30 élèves dans certaines classes. 4 classes de 6ème non lecteurs à 27 élèves avec leurs horaires de français dans le créneau 11H/ 12h et 16h/ 17h.
Une coupe sèche dans les crédits de formation, divisés par deux dans certaines matières.
Une aggravation de la pression hiérarchique pour imposer des heures supplémentaires, en particulier aux non-titulaires. Il est devenu courant de voir des enseignants faire 3 à 5 heures supplémentaires sous la pression ! Combien de temps tiendront-ils ? Quel temps leur reste-t-il pour la préparation des cours ?
Un taux de non scolarisation inquiétant : environ 8000 enfants âgés de 3 à 16 ans exclus du système scolaire, évincés insidieusement (dossiers d’inscription discriminants, transports inabordables) ou déscolarisés suite à la mauvaise prise en compte de l’échec scolaire, ou à une orientation inadéquate par manque de place.
Pensez-vous vraiment que quelques ajustements permettront de régler ces « petits problèmes » ?
Quelles vont être les conséquences de la dégradation de l’accueil des élèves sur l’absentéisme ? N’oublions pas qu’un des facteurs principaux de l’absentéisme est l’échec scolaire et que malheureusement la Guyane est le premier département dans cette catégorie.
A SUD Éducation Guyane nous pensons que tous les acteurs, rectorat, mairies, région, département, état doivent mettre un œuvre en plan d’urgence :
pour la titularisation des personnels précaires.
pour l’embauche de personnels qualifiés dans les vies scolaires.
pour la programmation de construction de locaux adaptés et sécurisés.
pour des moyens permettant une vraie politique éducative de lutte contre l’échec scolaire (effectifs limités, meilleure prise en compte des langues maternelles...)
pour la scolarisation de tous les enfants de Guyane.
pour une formation professionnelle de qualité et des parcours adaptés.
pour une aide aux personnels en postes sur le fleuve et les sites isolés.
pour des équipements satisfaisants sur tout le territoire (classes, transport, réfectoires, CDI, gymnases...)
pour une vraie politique de formation initiale et continue des enseignants.
Commentaires