Chronique d’une mort annoncée ?
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Depuis quelques années l’inquiétude grandit dans le corps des professeurs d’EPS quant à l’avenir du sport scolaire. Alors que dans d’autres pays les finales scolaires donnent lieu à des couvertures médiatiques, le sport scolaire reste confidentiel en France .
Profitant de ce quasi anonymat notre bon ministère, dans sa quête permanente du sacro-saint rabotage budgétaire brandit son marteau, pour faire la chasse aux éventuels tire-au-flanc et la faucille pour les budgets de l’UNSS (Union Nationale du Sport Scolaire) et des AS (Associations Sportives des établissements scolaires).
Petit rappel sur le marteau : Un prof d’EPS travaillant à plein temps fait 17h de cours et 3 h d’AS. Or de plus en plus, les rectorats demandent aux chefs d’établissement, qui ont des difficultés pour répartir les heures d’EPS, de transformer les 3 heures d’AS en 3 heures de cours !! Plus besoin de créer des postes !!!
Question faucille, le gouvernement n’est pas mal non plus puisque les budgets de l’UNSS baissent d’année en année.
Pourquoi tant de haine ? Ca ne marche pas l’UNSS ? Au contraire, il n’y a jamais eu autant de licenciés (on a dépassé le million d’élèves licenciés) alors que le nombre d’animateurs baisse. (De plus en plus de non-titulaires sont embauchés en EPS et certains ne font pas d’AS)
Au niveau des établissements la faucille est fatale à l’association sportive puisque, comme c’est le cas en Guyane, la plupart des AS n’ont plus de ligne budgétaire. Les budgets rabotés des établissements scolaires ne le permettent pas (mieux vaut acheter des caméras de surveillance !!).
Résumons : un professeur d’EPS doit 3 h d’AS dans son service et l’association n’a pas de budget propre pour vivre. Or parallèlement les dépenses augmentent :
affiliation UNSS ;
achat de matériel ;
compétitions régionales UNSS (jeux UNSS, jeux Antilles Guyane) ;
paiement des licences UNSS.
Suite à la suppression d’une subvention de 250 000 euros l’Etat a provoqué une augmentation de la licence individuelle UNSS de 15% l’année dernière (elle passe à 18 euros). Cette mesure pénalise principalement les établissements sensibles où il est difficile de faire payer 18 euros aux élèves pauvres. A Paul Kapel, par exemple, on fait payer 8 euros. Donc notre AS doit payer 10 euros par licence… Et si t’as 100 licenciés et bien tu dois trouver 1000 euros pour payer l’UNSS ! Et mieux tu l’animes plus tu dois de thunes !!
Alors comment font les professeurs d’EPS pour faire vivre l’AS ?
- Première solution : Ils prennent sur d’autres budgets type foyer éducatif mais les subventions allouées à ces associations diminuent aussi (subventions des politiques de la ville).
- Deuxième solution : ouvrir des accompagnements éducatifs subventionnés par la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports et reverser une partie de son salaire à l’association sportive sous forme de don !!!
- Dernière solution : taxer d’éventuels donateurs, organiser des lotos, vendre des tee-shirts, faire des calendriers …bref se débrouiller.
Le scandale est que l’Etat se désengage progressivement de l’UNSS en baissant ses subventions. Il préfère développer des dispositifs tels les accompagnements éducatifs moins bien rémunérés et où il peut employer des éducateurs sportifs par exemple .
Non seulement on met les UNSS régionales en difficulté d’un point de vue budgétaire mais en plus on les met en concurrence avec d’autres dispositifs. Rappelons que les accompagnements éducatifs sont gratuits et que le certificat médical n’y est pas obligatoire !! Les élèves ont alors tendance à venir aux créneaux de l’accompagnement éducatif sans prendre leur licence UNSS pour autant !!!
A cette situation difficile s’ajoute la concurrence des clubs qui organisent leurs entraînements le mercredi après-midi .
Alors que nous réservera l’avenir ?
La mise en place d’une politique permettant au sport scolaire de refaire sa place en collaboration avec les clubs ?
Ou alors la politique du rabotage ? La perspective de « récupérer » 3 heures par professeur d’EPS pourrait tenter le gouvernement à supprimer le forfait AS. Il précipiterait la fin de notre bonne vieille UNSS.
Développement de l’enfant et de l’adolescent, lieu de rapports sociaux, initiation à la vie associative, pratique multi-sportive et initiation à l’arbitrage : les perspectives éducatives de l’AS ne manquent pas, à nous, animateurs, de défendre cette autre vision du sport .
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