À quand la fin du bizutage institutionnel ?
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En 1998, une loi faisait du bizutage un délit. Plus de 10 ans après, on constate malheureusement que certaines pratiques perdurent envers les nouveaux collègues nommés dans nos bahuts. Il faut dire que la loi concerne les élèves, pas les profs !
Lors de la prérentrée, tous les profs n’attendent qu’une chose : la distribution des emplois du temps. Cette année encore, les nouveaux collègues se ramasseront les emplois du temps les plus pourris... c’est le bizutage institutionnel !
Les exemples ne manquent pas, demandez autour de vous, à vos nouveaux collègues et particulièrement aux néo-titulaires. Ils ont souvent au moins 3 niveaux différents à préparer alors que d’autres, dans la même matière, n’ont qu’un seul niveau. Ils sont aussi professeurs principaux et assurent les différentes heures hors programmes comme les études obligatoires. Le pire reste sûrement le partage des heures supplémentaires puisqu’il n’est pas rare qu’ils écopent de toutes les heures dont personne ne veut. Il existe même des emplois du temps de plus de 24 heures hebdo où des Heures Sup Effectives( HSE) étaient inscrites à leur emploi du temps annuel sans que les collègues ne le sachent.
Que peut-on retenir de ces pratiques ?
D’abord, il s’agit de relever la mesquinerie des chefs d’établissement qui ne proposent pas des emplois du temps à peu près équitables entre les collègues de peur de voir la fronde se généraliser. Ensuite, on remarque le coté fourbe du patron qui préfère charger la mule des nouveaux qui débarquent en faisant le pari qu’ils n’oseront pas la ramener, à plus forte raison s’ils sont jeunes et contractuels, et que les autres ne diront rien, bien contents de s’en tirer à bon compte.
Comment peut-on alors réagir ?
Devant le fait accompli, on ne peut que montrer de la solidarité avec les nouveaux collègues. Surtout pas en acceptant de récupérer une partie de leurs heures sup... mais tout d’abord en leur rappelant leur droit de refuser toutes heures supplémentaires, sans oublier de préciser que le chef peut tout de même leur en imposer une (Heure Sup Année). Il faut également, et c’est le plus important, avoir une réponse collective en refusant tous de faire des heures supplémentaires afin de ne pas isoler les nouveaux qui souhaiteraient ne pas avoir un emploi du temps surchargé. Il faut également rappeler au chef d’établissement que ce n’est pas dans l’intérêt du climat de l’établissement de faire des différences de traitement aussi flagrantes entre les profs. D’autant qu’on s’aperçoit fréquemment que les nouveaux écopent en plus des classes « poubelles » ! Cela crée inévitablement des tensions entre collègues. En plus, à la longue, une partie de l’équipe se fatigue beaucoup plus rapidement. Bonjour l’ambiance à la fin du premier trimestre...
En finir avec l’anciennocratie !
C’est pour quoi, à SUD éducation, nous luttons pour abolir les privilèges de l’anciennocratie, ce principe, plus ou moins implicite, qui voudrait que les derniers arrivés triment pendant que les anciens trustent toutes les bonnes places. Pour lutter contre ce traitement inégalitaire nous réclamons un statut unique pour tous les personnels, seule garantie de traitement égalitaire. Cela implique d’en finir avec le système des échelons qu’on gravit d’autant plus rapidement qu’on est docile et soumis aux chefs d’établissement et aux inspecteurs. Il faudra alors accepter que pour un même travail on gagne le même salaire quelle que soit son ancienneté. Ce sera alors l’avènement d’une véritable solidarité intergénérationnelle.
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