L’avant garde vous salue, Monsieur le Recteur
par

E ncore une fois, ne défions pas
la coutume, il manque des postes
et des enseignants partout
en Guyane, quand ce ne sont pas des
classes, voire des écoles ! Encore une
fois, ce sont les établissements du
Haut-Maroni qui trinquent et ce sont
des dizaines d’élèves qui se retrouvent
sans enseignants. On se rend alors
compte que le Rectorat se montre relativement
inefficace quant à la gestion
de ce genre de problèmes qui persistent
donc à chaque rentrée.
On peut même ajouter que le cynisme
ne s’arrête pas là puisque, alors même
que les enseignants continuent de faire
la classe jusque dans des conditions de
vie précaire (comme par exemple les
habitants et enseignants de Twenké et
Taluhwen qui sont restés près de 6
mois sans eau potable l’année dernière…)
beaucoup se lassent de revendiquer
dans le vide et pour finir, s’en
vont !!!
Ainsi que fait notre Recteur à ce sujet
? Il fait des déclarations sur le rôle
de l’école de la République, nous rappelle
la grandeur de la France et proclame
son petit couplet « libertéégalité-
fraternité »… et quand on lui
rappelle que la Guyane, ce n’est pas
tout à fait la France hexagonale, il répond
et tergiverse sur la stricte application
des programmes et promet aussi
beaucoup d’améliorer les conditions de
vie des enseignants mais, au final :
nada , noti, uwa, que dalle…
D’ailleurs, n’est-il pas risqué de comparer
les enseignants des sites isolés à
une avant-garde, discours pour le
moins militaro-éducatif s’il en est, et
de laisser les enseignants gérer la situation
dans l’état. Les autres au
moins, ils ne promettaient rien, ça
avait au moins un mérite : c’était plus
franc !
Enfin, ne soyons pas trop dur et imaginons
que, peut-être, il n’a pas conscience
de ce que représente aujourd-
’hui l’école de la République à l’intérieur
du territoire – mais hélas aussi
sur le littoral – guyanais : un certain
paternalisme, de l’exclusion, de l’échec
scolaire et, au final, un grand mépris…
N’oublions en outre pas que beaucoup
de peuples de la Guyane n’ont jamais
demandé à avoir l’école française et
s’ils avaient su qu’elle serait une école
au rabais, ils n’en auraient certainement
pas voulu !!!
Depuis près de 30 ans que l’écoleexiste sur le Haut-Maroni, elle a fourni
plus de preuves de ses échecs que de
ses réussites, il est donc grand temps
de réfléchir à une autre forme d’école,
plus adaptée pédagogiquement et plus
respectueuse des écarts culturels existants…
à moins que l’école de la République
ne vise tout simplement à
terminer le travail de déstructuration et
de déculturation des peuples qui persistent
encore sur le territoire guyanais.
Qu’en dîtes-vous Môssieu l’avantgardiste
?
France, Ô France de la Liberté,
ton avant-garde
a vraiment un sale arrière-goût !!!
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