Bac Pro 3 ans

La réforme du lycée professionnel court déjà…

dimanche 13 septembre 2009
par  Sud Éducation Guyane

Le baccalauréat professionnel en 3 ans entre dans sa phase de généralisation au niveau national. Rappelons qu’avec la généralisation du baccalauréat professionnel en 3 ans au lieu des 4 ans BEP+Bac.pro 2 ans la formation sera amputée d’environ 1000h : 500h d’enseignement général et 500h de formation professionnelle. Le ministère économisera ainsi des milliers de postes. Ainsi, au lycée Melkior-Garré 20 profs de moins que l’an dernier (on passe de 180 à 160 !!) et des heures sup’ à gogo pour ceux qui en veulent !

De plus cette année de formation en moins compromettra la réussite des élèves les plus fragiles qui sont nombreux en LP. Tous les élèves qui arrêteront avant le bac n’auront aucun diplôme intermédiaire, type BEP.
Expérimentation pour certaines académies, routine pour d’autres. Le Ministère a réussi à mettre en place en quelques mois une réforme qui déstructure toute la formation professionnelle et cela avec l’aide des syndicats cogestionnaires !

En septembre 2008, la réforme devait se présenter sous une forme expérimentale mais chaque académie déclinait différemment cette nouveauté. Certaines expérimentaient déjà depuis plusieurs années et passaient à la généralisation, d’autres découvraient et pensaient être en réelle expérimentation et pour les dernières il s’agissait d’un joyeux cocktail des deux variables selon les formations dispensées. Cela a rendu très difficile la résistance.

A cela s’ajoute le fait qu’une réforme a toujours des effets positifs : parcours en 3 ans pour des élèves venus après un redoublement de seconde de lycée en limitant les heures d’enseignement général pour augmenter l’enseignement professionnel par exemple.

Le ministère agit dans l’urgence !

En juin et juillet derniers, des textes étaient encore présentés au Conseil Supérieur de l’Éducation pour préparer cette rentrée (type et conditions de certification en fin de 1ère année, modification d’une matière…). Les équipes pédagogiques découvriront les nouveautés au moment de la rentrée, ce qui ne laisse aucune place à la réflexion, à la préparation des cours et à la mobilisation.

En plus le ministère a joué sur le ressenti qu’éprouvent certains PLP. Il leur a proposé d’avoir un " vrai " bac, en 3 ans comme les autres, avec un " vrai " oral de rattrapage et une " vraie " poursuite d’études en annonçant l’ouverture de BTS en LP. Les enseignants se sont sentis valorisés. Ils prépareront des élèves uniquement au baccalauréat. Il y a fort à parier qu’à l’avenir, au sein des établissements, une hiérarchie entre collègues s’installe : ceux qui forment au CAP et ceux qui auront des baccalauréats en 3 ans voire des BTS !

De plus, il ne faut pas oublier qu’aucun n’est réellement satisfait de la formation professionnelle actuelle. Des réformes sont espérées mais certainement pas celle mise en place par le ministère.

Quelle pourrait être la place de la réforme du lycée professionnel dans la perspective générale du lycée ?

Le baccalauréat professionnel se préparera en un cycle de 3 ans et devra permettre l’entrée en BTS. Il devient ainsi un concurrent direct du lycée technologique. Lequel cèdera le pas à l’autre ? Il ne peut coexister 2 voies de formation avec des exigences aussi proches. Il est vrai que le LP doit encore préparer à l’entrée dans la vie active au niveau bac mais est-ce une différence suffisante pour les laisser coexister ?

Tout laisse à penser qu’au sein du lycée professionnel, les sections de CAP restantes seront toutes transférées dans des Centres de Formation d’Apprentis publics pour offrir une formation professionnelle sans culture générale afin de fournir une main d’oeuvre jetable et corvéable aux entreprises locales. Ces professionnels seront formés " tout au long de la vie ", de CAP en CAP, pour occuper des emplois sous-payés.

Alors le LP vainqueur ?

Une certitude : cette réforme ne donnera pas naissance au futur lycée polyculturel pour tous, permettant l’accomplissement de chacun. Ce n’est que par la lutte collective et notre détermination que nous pourrons faire reculer ces contre-réformes injustes et socialement destructrices.


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Brèves

Coup de gueule… bis

dimanche 14 septembre 2014

Au collège, on accueille de plus en plus d’élèves hétérogènes : non lecteurs, lecteurs débutants, déchiffreurs, en difficultés personnelles, sociales, primo arrivants, etc. Le collège doit donc devenir un lieu où tous ces élèves ont leur place mais aussi le lieu de toutes les expérimentations. Génial !
On va pouvoir enfin inventer, créer, innover. Oui, mais... Quels outils, quel matériel, quelle formation pour le professeur qui veut s’investir dans les projets ? Il va falloir tâtonner, trier la masse d’informations sur internet, faire des proformas, écouter le discours des uns, des autres, trouver une salle, demander une armoire, des livres, un ordinateur ? J’en passe ! Monter des projets, c’est bien joli, mais quel parcours du combattant ! Tout ceci est-il bien logique à l’heure où on supprime les enseignants spécialisés ? Est-ce au professeur lambda de remplacer ces spécialistes ? Comme d’habitude, on marche sur la tête !

Coup de gueule

dimanche 14 septembre 2014

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On trafique les notes, on fait passer les élèves au bénéfice de l’âge, on les maintient dans le système sans leur donner les moyens de réussir.... j’en passe ! On arrive maintenant à avoir des élèves qui vont au bac en sachant tout juste lire. Oui, tout le monde peut avoir son bac, un bac bradé pour faire du chiffre !
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