LOLF

Boycott des mesures Fillon - Robien !

lundi 4 septembre 2006
par  Sud Éducation Guyane

Le refus des grandes fédérations de l’Éducation de rejoindre dans la grève le mouvement lycéen de 2004 a permis au ministre de Éducation, François Fillon, de faire passer sa loi. Elle s’applique pour l’essentiel :
- remplacements de courte durée par les collègues de l’établissement ;
- programmes personnalisés de réussite éducative (PPRE) ;
- bourses au mérite ;
- suppression des allocations familiales pour les absentéistes ;
- centres fermés dès 14 ans.
Dans la foulée cela a permis à De Robien d’innover lui aussi en approuvant dans le cadre de la Loi dite d’Égalité des chances, l’apprentissage junior dès 14 ans qui remet en cause l’obligation scolaire jusqu’à 16 ans.
Tout cela s’opère dans le cadre nouveau de la LOLF (loi organique relative aux lois de finances, http://www.education.gouv.fr/dossier/lolf/) dans une logique d’ « optimisation » des moyens selon les « performances » (pas de « résultats »= pas de sous).
Nous revenons ci-dessous, sur les principales nouveautés applicables dès cette année 2006/07. SUD propose de s’y opposer dans l’unité la plus large possible.

Loi Fillon

Le conseil pédagogique
Imaginé par Allègre, prévus dans la loi Fillon, mis en place sous Robien, le conseil pédagogique est institué dans les collèges et les lycées, par la circulaire de rentrée du 27 mars 2006 (BO n°13 du 31 mars 2006). Ce conseil, dont les membres sont désignés par le chef d’établissement, doit « favoriser la concertation entre les professeurs pour coordonner les enseignements et les méthodes pédagogiques, la notation et les activités scolaires. Il prépare la partie pédagogique du projet d’établissement. »

Au moins trois bonnes raisons de refuser sa mise en place :
1.- Ses membres (un professeur principal de chaque niveau, un professeur de chaque champ disciplinaire, un CPE, le chef des travaux) ne sont pas élus mais désignés par le chef d’établissement, qui le préside. C’est inacceptable vu les attributions pédagogiques de ce conseil. Refusons cette nouvelle tentative de renforcer l’ingérence des chefs d’établissement dans nos pratiques pédagogiques, une vieille rengaine depuis Allègre !
2.- Les compétences du conseil (coordonner les enseignements et les méthodes, la notation et l’évaluation des activités scolaires ; préparer la partie pédagogique du projet d’établissement) le conduiront à évaluer nos pratiques et donner des consignes qui uniformiseraient tous les cours.
3.- C’est un échelon supplémentaire de la hiérarchie qui se met en place : les collègues du Conseil ce sera Big Brother n°2. Au contraire il y aurait urgence à dégager du temps de concertation inclus dans nos 18 heures pour les équipes et les projets décidés à la base.

C’est pourquoi SUD Éducation prend position pour le boycott de ce conseil, et appelle les enseignant(e)s du secondaire à refuser d’y siéger et d’appliquer les décisions qui en sortiraient.

Le socle commun
Le socle commun a été publié cet été (BO n° 29 du 20 juillet 2006). Son but est de « donner du sens à la culture scolaire fondamentale » pour qu’aucun élève ne quitte l’école sans un bagage minimal.
Il s’agit en fait de formater nos élèves afin qu’ils puissent répondre un minimum aux besoins du marché. Soit : former les jeunes de la nation pour qu’ils puissent être intelligents juste ce qu’il faut pour faire faire du bénéfice aux actionnaires des entreprises. Mais attention : il ne faudrait pas qu’ils deviennent trop vifs d’esprit sinon ils pourraient réclamer des conditions de travail décentes ! Donc leur culture doit rester tout juste « fondamentale », se limiter aux fondements, au « socle », à la base, stagner au rez-de-chaussée de la réflexion, en somme.

Pour ce faire il serait bon que les jeunes sortent de l’école en sachant :
1- à peu près lire et écrire (c’est ce que la loi appelle la « maîtrise de la langue française » : pour toutes les disciplines)
2- baragouiner un semblant de la langue internationale des échanges commerciaux (dou you spik Inglishe ?). C’est « La pratique d’une langue vivante étrangère »
3- compter un mimimum. Ce sont « Les principaux éléments de Mathématiques et la culture scientifique et technologique »
4- Avec « La maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication (toutes les disciplines) » nos chers petits sauront parler le langage informatique de l’entreprise (l’unique but des TICE et de l’équipement en matériel informatique des établissements, depuis le début…).
5- Dans « La culture humaniste (Histoire, Géographie, Éducation civique, Lettres, Arts plastiques, Musique) » c’est l’Education civique qui intéresse nos gouvernants : le comportement, la docilité envers le patron (cf : point suivant)
6- « Les compétences sociales et civiques (Éducation civique, Histoire, Sciences, EPS) » : re-pour la politesse envers le patron.
7- « L’autonomie et l’initiative (toutes les disciplines) » pour ne pas dire « le goût d’entreprendre », « l’esprit d’entreprise ». Nos enfants : de vrais petits japonais névrosés en puissance !

Minimaliste, la culture commune proposée marginalise les arts. Elle correspond à une conception réductrice et utilitariste des savoirs, sans aucune réflexion sur les processus d’apprentissage, en particuliers collectifs. S’il préconise incantatoirement « un accompagnement adapté : études surveillées, tutorat, accès au livres, à la culture et à Internet », aucun moyen réel n’est prévu pour une appropriation par tous les élèves.
En ce qui concerne les professeurs, ce socle commun s’apparente à des champs transdisciplinaires à partir des programmes préexistants. Sans très bien comprendre comment la loi prévoit que l’on organise tout cela, on peut voir qu’elle favorise par là la création de mentions complémentaires aux concours de la session 2007* (BO spécial n°6 du 13 juillet 2006, pp. 50-51) ; et donc, à moyen terme, les remplacements de courte durée en interne (autre point de la loi Fillon) : si on a des mentions complémentaires à son CAPES on peut plus facilement remplacer les collègues des autres disciplines.

Mesures De Robien

Réforme des Zep : Déshabiller Pierre pour Habiller Paul
Il s’agit d’augmenter les moyens des ZEP classées « ambition réussite » en réduisant ceux des ZEP non classées.
Dans le détail, les ZEP « ambition réussite » recevront l’aide de 4 professeurs « expérimentés » qui effectueront au maximum un mi-temps devant un e classe entière et qui seront par ailleurs chargés de s’occuper des enseignants débutants, du suivi des Programmes Personnalisés de Réussite Éducative, du travail de concertation des équipes. Encore des collègues qui montent dans la hiérarchie pour mieux régenter les autres (ça sent bon le Conseil Pédagogique… décidément nos chers ministres tiennent vraiment à ce qu’on ait tous à se rendre des comptes : encore une riche idée pour mieux diviser les personnels et éradiquer toute contestation collective). Nous l’avons compris : cette réforme des ZEP ne correspond en tout cas absolument pas à une augmentation de moyens pour les établissements des quartiers défavorisés (on ne diminuera pas les effectifs des classes, on ne permettra pas le travail en petits groupes).

Nous continuons à demander l’abandon de cette réforme et l’augmentation des moyens pour toutes les Zep. Dans l’immédiat nous proposons :
- La mise à disposition des 72 h des 4 professeurs « expérimentés »
- Le refus de se laisser encadrer par ces collègues et de mettre en place avec eux les PPRE (Programmes Personnalisés de Réussite Éducative) ; le refus de toute initiative non décidée démocratiquement en équipe.

Tri social : Privilégier la minorité de bons élèves.
Créations de filières d’excellence qui ne concerneront que 100000 élèves parrainés par des étudiants des grandes écoles. Que reste-t-il pour les autres, l’immense majorité des non-parrainés ? L’orientation précoce et l’apprentissage avancé à 14 ans. Ainsi le tri social est-il soigneusement orchestré avec le règne des bourses au mérite et des dérogations aux règles de carte scolaire pour les élèves obtenant une mention « très bien » au brevet.
Avec le ciblage des individus proposé par De Robien, l’école reste une institution de sélection : donner d’avantage aux meilleurs des élèves des ZEP ne fait pas progresser la justice sociale. Pour cette politique foncièrement élitiste, il ne s’agit pas de lutter contre la pauvreté, mais de réduire l’écart entre différents groupes, en faisant surgir, au sein de celles et ceux qu’on cherche à intégrer, des élites dont on annonce qu’elles joueront ensuite un rôle moteur dans le progrès général du groupe. En fait, les autres membres du groupe croupissent dans la misère : ils ne tireront pas le moindre bénéfice d’une politique qui, de toute façon, ne leur est pas destinée.
Cette approche de la discrimination positive présente un avantage majeur en terme de coût : instituer des parrainages bénévoles est bien plus commode que d’entreprendre un véritable rétablissement de l’égalité dans l’accès au savoir.

Éducation au rabais et stigmatisation pour les autres :
En accord avec la loi Fillon, la réforme des ZEP stipule que l’élève doit « construire un parcours cohérent compatible avec les objectifs du socle commun », comprenez : il serait incohérent de permettre à un élève en difficulté d’accéder à autre chose qu’à lire, écrire et compter. Pour les redoublants, la loi préconise le Programme Personnalisé de Réussite Éducative (PPRE) pour la rentrée prochaine (et tant pis si le socle commun sur lequel il est centré n’a pas encore été défini). Afin de les faire bifurquer rapidement vers l’apprentissage et le travail abrutissant, la loi met à leur disposition un entretient annuel d’orientation en 4° et 3° ainsi qu’un enseignement de découverte professionnelle dès la 4° (car on n’est pas à l’école pour acquérir un esprit critique ni une culture émancipatrice, mais bien pour devenir de la main d’œuvre de base sur le marché du travail bien avant sa majorité).
Alors que les crédits destinés à la politique sociale ont tous été supprimés, une seule association par ville pourra être choisie pour bénéficier de fonds destinés à l’aide aux devoirs hors temps scolaire, sans certitude de reconduction du projet. C’est une externalisation des missions de l’école puisqu’on demandera aux professeurs de signaler les élèves en difficulté à la mairie, avec en filigrane la très dangereuse loi Sarkozy de Prévention de la Délinquance. Il faut bien rappeler que si les enseignants doivent faire des signalements pour les enfants en souffrance ce n’est pas au maire mais au procureur de la république. Pourquoi cette externalisation ? Pourquoi ne pas avoir donné plus de moyens aux équipes éducatives de l’Éducation Nationale et aux centres médicaux-sociaux ?

Éternelle précarité, idéologie du mérite et heures supplémentaires
La place croissante des personnels sous « CAE » pousse la logique de « macdonaldisation » : surexploitation, rotation continuelle, ni qualification, ni formation… Sur fond d’ "Ambition Réussite", la grande valse des assistants d’éducation bombardés assistants pédagogiques et des postes de MI –SE « compensés » par des EVS (emplois vie scolaire) dégradera encore le potentiel et l’environnement éducatif.
Pour les heureux titulaires : renforcement du rôle de l’inspection, ces conseillers pédagogiques et des évaluations. En contrepartie : accès privilégié à la hors-classe et évolution de carrière facilitée pour les professeurs méritants (on saute de joie : vive la compétition tous azimuts).
Outre le nombre de réunions impressionnant qu’implique déjà le classement ZEP, chaque collège en éducation prioritaire devra proposer une opération École Ouverte. Il s’agit d’ouvrir les portes de l’établissement avant la rentrée, avec de véritables cours, assurés par des professeurs volontaires.

SUD Éducation revendique :
- des créations de postes pour des pratiques éducatives vraiment émancipatrices ;
- la défense de notre identité par un statut amélioré garantissant notre autonomie pédagogique ;
- des étudiants salariés pour la Vie scolaire contre l’invasion de la précarité.

Sur un air de manager !
La LOLF monte en puissance, le gouvernement « modernise » la Fonction publique, le credo libéral c’est le « pilotage de et par la performance ». Les « projets Vie scolaire » et le Conseil pédagogique en sont des instruments. Retour du « directeur Vie scolaire », un CPE désigné par la direction qui y siégera. Et le Ministère multiplie les provocations à propos des missions…


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Brèves

Coup de gueule… bis

dimanche 14 septembre 2014

Au collège, on accueille de plus en plus d’élèves hétérogènes : non lecteurs, lecteurs débutants, déchiffreurs, en difficultés personnelles, sociales, primo arrivants, etc. Le collège doit donc devenir un lieu où tous ces élèves ont leur place mais aussi le lieu de toutes les expérimentations. Génial !
On va pouvoir enfin inventer, créer, innover. Oui, mais... Quels outils, quel matériel, quelle formation pour le professeur qui veut s’investir dans les projets ? Il va falloir tâtonner, trier la masse d’informations sur internet, faire des proformas, écouter le discours des uns, des autres, trouver une salle, demander une armoire, des livres, un ordinateur ? J’en passe ! Monter des projets, c’est bien joli, mais quel parcours du combattant ! Tout ceci est-il bien logique à l’heure où on supprime les enseignants spécialisés ? Est-ce au professeur lambda de remplacer ces spécialistes ? Comme d’habitude, on marche sur la tête !

Coup de gueule

dimanche 14 septembre 2014

80% d’une classe d’âge au bac ! C’était une révolution. L’égalité des chances... etc. Oui, on y arrive.
On trafique les notes, on fait passer les élèves au bénéfice de l’âge, on les maintient dans le système sans leur donner les moyens de réussir.... j’en passe ! On arrive maintenant à avoir des élèves qui vont au bac en sachant tout juste lire. Oui, tout le monde peut avoir son bac, un bac bradé pour faire du chiffre !
De quel intérêt parle-t-on alors ? Celui de l’élève ou celui de la sacro-sainte statistique d’une société dans laquelle seul le rendement compte ?

Enquête par questionnaire

jeudi 13 décembre 2012

Dès janvier SUD Éducation Guyane lancera une enquête par questionnaire sur les conditions matérielles de travail dans les écoles de Guyane.

L’objectif est pour nous de recueillir des données chiffrées histoire de dresser une liste assez exhaustive de problèmes rencontrés au niveau de nos extraordinaires conditions de travail...

Pour mener à bien cette enquête nous avons reçu un coup de main des camarades du département de sociologie de l’université Brest.

Double vacation

jeudi 13 décembre 2012

Le recteur est revenu sur sa position : il n’y aura pas d’expérimentation de la double vacation en Guyane. Reste que des enfants sont toujours non scolarisés et les constructions scolaires manquent cruellement.

La fédération SUD Éducation va intervenir auprès du ministère pour réaffirmer la nécessité d’un plan d’urgence pour l’éducation en Guyane.

Inspection : et si on arrêtait les bidouillages ?

jeudi 13 décembre 2012

SUD Éducation vient d’écrire au recteur pour lui demander de rappeler à ses Inspecteurs qu’ils ne peuvent pas faire n’importe quoi en matière d’inspection.

Les inspections surprises ne sont pas réglementaires. Les rapports d’inspection doivent être adressés aux intéressés dans un délai d’un mois et la note pédagogique doit être communiquée dans le trimestre qui suit l’inspection.