Article de SUD éducation Guyane dans le journal fédéral (n°72 - mai/juin 2017)

« Pou la Gwiyann dekole ! »
mercredi 23 août 2017
par  Sud Éducation Guyane

Aujourd’hui, tout-es ont conscience de la réalité des difficultés de la Guyane : poussée démographique, néocolonialisme, manques colossaux (éducation, santé, énergie, mobilité, écologie, etc.). Suite à l’accumulation de facteurs déclenchants (explosion d’insécurité, corruption, déficiences de l’État) et en continuité de mouvements antérieurs (besoin d’autonomie : rectorat en 1996 puis passage à l’article 73, en 2009…), en quelques heures, le peuple guyanais s’est levé : « La Guyane décolle, la fusée reste au sol ! ».

La spontanéité et l’ampleur du mouvement ont surpris mais sont vite devenues la preuve évidente du partage de ce constat et de la conscience de devoir agir collectivement et radicalement ! La difficulté, dès le début, a été l’organisation du mouvement, autour d’un collectif « Pou La Gwiyann dekole ». Très unitaire au départ, au point d’associer syndicats et patronats, des collectifs locaux tels que les « Iguanes », les « 500 frères », les « Toucans », ou le collectif « Lawa », toutes les cultures guyanaises (peuples autochtones, noirs-marrons, créoles, brésiliens, haïtiens, hexagonaux), etc., le mouvement se retrouve sur des objectifs qui ont rapidement fait consensus : après quelques revendications sécuritaires ou corporatistes, et quelques discours xénophobes, le cœur des difficultés a été mis en évidence.

La représentativité en question

Mais qui, aujourd’hui, représente le peuple ? Et comment faire la synthèse de toutes les revendications ? La désinformation, la corruption, l’absence de toute défense d’un intérêt général sont les produits de la société néo-coloniale et capitaliste actuelle. C’est pourquoi, ici, comme ailleurs, la question de représentativité est encore plus ardue (cf. campagne présidentielle) ! En Guyane, du fait de la fragilité du territoire, les conflits d’intérêts et la corruption sont forts (un élu a même été condamné récemment… mais n’a pas été incarcéré !!!). Combien de droits sont bafoués ? Etc.
Des collectifs, en parallèle des institutions « officielles », se sont alors constitués. Ce sont des groupes organisés qui ont permis l’émergence du mouvement, contenant élus, syndicats, médias, etc. dans un rôle secondaire. Mais avec quelle légitimité et sous quels principes ? Avec quelles connaissances et quelles compétences notamment politiques ? Après quelques jours de mobilisation générale, de très grande ampleur (plus de 15 000 personnes en marche sur le territoire, le 28/03/2017, soit plus de 5 % - ce qui donnerait plus de 3 millions de personnes dans l’hexagone environ), l’absence de direction claire du mouvement montre des limites (désinformation, lutte de pouvoir, non-représentativité des membres, etc.). Heureusement, l’ampleur du blocage (et pour une fois, on peut remercier certains patrons ! Même si le principal acteur reste le quidam) et sa forme à la fois souple, ferme et visible, malgré ces difficultés internes, ont poussé l’État (à tous ses niveaux : présidence, gouvernement, députés, CTG) à exposer ses carences, ainsi que la morgue et le mépris affiché par ses représentant-es.

Ce pourrissement, désiré puisqu’organisé (par le timing des discussions…), s’est traduit ces derniers jours par une apparence de délitement, allant même jusqu’à l’expression (obscène ?) d’une opposition aux barrages (et donc, de fait, à toute réussite du mouvement). Mais cette expression a montré en deux jours ses limites ! C’est d’ailleurs, depuis et pour cela, que l’organisation tente de s’éclaircir, de rassurer (sur son aspect démocratique). Ainsi une Assemblée Générale a eu lieu lundi 17 avril… Sud éducation Guyane a été pour constater la tournure les choses et continuer de mobiliser afin de gagner le nécessaire.

La plupart des médias, en jouant sur l’effet « nouveauté » ou en recherchant le « scoop », ont, comme trop souvent, donné une version tronquée, de fait, de la légitimité du mouvement, de son ampleur et surtout , des résultats possibles. Ils devraient rappeler à quel point les intérêts à court terme (consommation, vacances, etc. : en un mot, le petit confort de quelques privilégié-es ou de gens trop soumis pour participer à leur propre émancipation) sont faibles et ne doivent pas parasiter les enjeux énormes soulevés ici. Des enjeux STRUCTURELS ! Auxquels l’État DOIT répondre !

« Ceci n’est pas un exercice ! »

Aucun-e guyanais-e donc aucun-e français-e ne peut se contenter de ce qui, pour l’instant, a été acté, au vu, par exemple, des centaines de milliards donnés pour les banques, il y a quelques années ! Car ici, il s’agit de la quasi-totalité d’une population. EN SOUS-FRANCE !

Il s’agit non pas d’une revendication sectorielle (sur la sécurité ou sur l’éducation par exemple, comme la plupart de nos manifestations hexagonales) mais d’un choix de société complet ! Il concerne :
• une des populations les plus jeunes du monde (45 % de moins de 25 ans)…
• le seul territoire français en Amérique du Sud (et donc d’une richesse d’ouverture)…
• l’un des territoires les plus riches en termes de biodiversité (en un mot : l’AVENIR !)…
• un territoire extrêmement riche en terme de diversité culturelle (notamment quant aux langues orales : plus d’une dizaine !).

Pour tout cela, la Guyane mérite le respect et donc la prise en considération des revendications, non pas établies par des idéalistes mais bien par des citoyen-nes au fait de leur réalité, conscient-es des nécessités pour aujourd’hui, et surtout, pour DEMAIN ! Oui, cela nécessite quelques choix politiques clairs et forts… en deux mots : des choix « de gauche » !!!

C’est pour cela que même si aujourd’hui le mouvement est en difficulté, il va PERDURER, se renforcer en Guyane et, se répandre dans les Antilles et dans tout l’hexagone (en particulier dans les autres zones sinistrées – Créteil, Marseille, Roubaix-Tourcoing, etc.) !!! Le mouvement ne pourra éviter quelques concessions, et des écueils, car il aura des ennemis qui feront tout pour le saborder.
Mais, par notre investissement, nous ne les laisserons pas faire car : Nous sommes et resterons DE-TER-MI-NE-E-S ! ! ! « Pou la Gwiyann dekole ! ! ! »

Sud éducation Guyane (juin 2017)


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