Justice Sociale

Génération Antoinette

jeudi 13 décembre 2012
par  Sud Éducation Guyane

Depuis quelques temps, les journaux font leurs choux gras de faits divers de plus en plus fréquents à Kourou. On y apprend chaque jour que la ville est désormais aux mains de bandes de jeunes qui jouent du couteau à la sortie des collèges, agressent, cambriolent et mettent même les forces de l’ordre en déroute. Bref c’est le chao, barricadez-vous chez vous braves gens. La surmédiatisation des problèmes favorise la peur et engendre des réactions excessives d’une population excédée.

Que se passe-t-il vraiment à Kourou ?

Rien de plus que partout ailleurs en Guyane. La démographie galopante engendre des générations de jeunes de plus en plus importantes et les pouvoirs politiques n’ont jamais pris ce phénomène en compte. La répartition des élèves dans les écoles est très hasardeuse obligeant certaines familles à traverser la ville pour amener leurs enfants en classe quand ce ne sont pas les enfants seuls qui se déplacent, à pieds ou à vélo faute de transports scolaires. L’accueil périscolaire n’existe pas. Il n’y a pas non plus de CLAE (Centre de loisirs associé à l’école) ni de CLSH (Centre de loisirs sans hébergement). Les maisons de quartier sont délabrées et abandonnées. Les rares activités organisées pour les jeunes sont saturées. Certains clubs sportifs ne peuvent pas accueillir plus de jeunes faute d’infrastructure adéquate. Le PRE (Programme municipale de réussite éducative) est très instable et change de coordonnateur régulièrement faute de réelle volonté politique. D’ailleurs, tous les ans son budget diminue alors même que les demandes sont de plus en plus importantes. Pour résumer, la politique de la jeunesse de la ville est complètement inexistante. Pour une ville qui compte plus de 25 000 habitants dont presque la moitié de jeunes de moins de 20 ans, ça craint. Ça craint mais ça explique un peu que cette jeunesse désœuvrée ne trouve rien de mieux à faire que de zoner.
Du coté des collèges, ce n’est pas mieux. Ils arrivent tous à un degré de saturation qui engendre de nombreux problèmes. Entre autre on liste : couloirs trop étroits engendrant bousculades et tensions, amplification des horaires d’ouverture engendrant fatigue et déscolarisation pour ceux qui ont eu la chance d’être scolarisés. Là encore les politiques doivent assumer leurs responsabilités. Le futur collège IV n’a toujours pas trouvé une place car la Mairie rechigne à lâcher des terrains constructibles au Conseil Général. Le Conseil Régional n’a pas « voulu » rétrocéder le vieux lycée Castor complètement à l’abandon et qui aurait pourtant fait une très bonne annexe pour soulager un peu les 3 collèges de Kourou.

On ne naît pas délinquant, on le devient

Seule réponse institutionnelle au malaise : des « assises de la sécurité », vaste déballage de haine de la jeunesse sans aucun recul sur la situation et qui a débouché sur une seule mesure : un couvre-feu pour les jeunes de moins de 16 ans. Du vent... Du coup, nombre de citoyens s’arment pour se défendre. Les plus énervés parlent de former des milices de quartier et l’on entend de plus en plus de gens déclarer publiquement qu’ils sont prêts à faire justice eux-mêmes. Les politiques n’y trouvent rien à redire et on a même l’impression que ça les arrange. Et pendant ce temps, la jeunesse trinque. Ici cette jeunesse à un nom, on l’appelle la Génération Antoinette (du nom de l’actuel Sénateur-Maire, aux affaires depuis presque 16 ans). Génération sacrifiée, foutue, qui roule sans casque et qui va droit dans le mur. Mais entre nous, à quoi ça sert de porter un casque quand on n’a pas de futur ?



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Brèves

Coup de gueule… bis

dimanche 14 septembre 2014

Au collège, on accueille de plus en plus d’élèves hétérogènes : non lecteurs, lecteurs débutants, déchiffreurs, en difficultés personnelles, sociales, primo arrivants, etc. Le collège doit donc devenir un lieu où tous ces élèves ont leur place mais aussi le lieu de toutes les expérimentations. Génial !
On va pouvoir enfin inventer, créer, innover. Oui, mais... Quels outils, quel matériel, quelle formation pour le professeur qui veut s’investir dans les projets ? Il va falloir tâtonner, trier la masse d’informations sur internet, faire des proformas, écouter le discours des uns, des autres, trouver une salle, demander une armoire, des livres, un ordinateur ? J’en passe ! Monter des projets, c’est bien joli, mais quel parcours du combattant ! Tout ceci est-il bien logique à l’heure où on supprime les enseignants spécialisés ? Est-ce au professeur lambda de remplacer ces spécialistes ? Comme d’habitude, on marche sur la tête !

Coup de gueule

dimanche 14 septembre 2014

80% d’une classe d’âge au bac ! C’était une révolution. L’égalité des chances... etc. Oui, on y arrive.
On trafique les notes, on fait passer les élèves au bénéfice de l’âge, on les maintient dans le système sans leur donner les moyens de réussir.... j’en passe ! On arrive maintenant à avoir des élèves qui vont au bac en sachant tout juste lire. Oui, tout le monde peut avoir son bac, un bac bradé pour faire du chiffre !
De quel intérêt parle-t-on alors ? Celui de l’élève ou celui de la sacro-sainte statistique d’une société dans laquelle seul le rendement compte ?

Enquête par questionnaire

jeudi 13 décembre 2012

Dès janvier SUD Éducation Guyane lancera une enquête par questionnaire sur les conditions matérielles de travail dans les écoles de Guyane.

L’objectif est pour nous de recueillir des données chiffrées histoire de dresser une liste assez exhaustive de problèmes rencontrés au niveau de nos extraordinaires conditions de travail...

Pour mener à bien cette enquête nous avons reçu un coup de main des camarades du département de sociologie de l’université Brest.

Double vacation

jeudi 13 décembre 2012

Le recteur est revenu sur sa position : il n’y aura pas d’expérimentation de la double vacation en Guyane. Reste que des enfants sont toujours non scolarisés et les constructions scolaires manquent cruellement.

La fédération SUD Éducation va intervenir auprès du ministère pour réaffirmer la nécessité d’un plan d’urgence pour l’éducation en Guyane.

Inspection : et si on arrêtait les bidouillages ?

jeudi 13 décembre 2012

SUD Éducation vient d’écrire au recteur pour lui demander de rappeler à ses Inspecteurs qu’ils ne peuvent pas faire n’importe quoi en matière d’inspection.

Les inspections surprises ne sont pas réglementaires. Les rapports d’inspection doivent être adressés aux intéressés dans un délai d’un mois et la note pédagogique doit être communiquée dans le trimestre qui suit l’inspection.